• Dirigé par Antoine Dechêne et Bruno Dupont Antoine Dechêne & Bruno Dupont, Crises singulières, crise plurielle. Un concept, son évolution et son potentiel pour les sciences humaines François Dubuisson, Valéry, Husserl, Arendt : consciences d’une crise intellectuelle Laurence Daubercies, Les French Studies américaines au tournant du XXIe siècle Enjeux et discours d’une crise identitaire Jéromine François, La Célestine au Mexique : de la crise identitaire à la crise historique Corentin Lahouste, Répondre à la crise par la crise. Scandale et débordement dans "Neung conscience fiction" de Marcel Moreau Sophie Collonval, L’emploi des langues à l’épreuve du contexte politico-économique belge. Étude linguistique au sein d’entreprises publiques nationales et régionales Boris Krywicki, Critique des critiques. La crise de la légitimité des journalistes spécialisés en cinéma face aux dispositifs proposés sur le web Janina Henkes, La maladie comme crise – La crise comme maladie. Réciprocités entre sujet et société Helena Cassol, Charlotte Martial & Steven Laureys, Les expériences de mort imminente
  • Presse, littérature et médias, culture médiatique et communication par Pascal DURAND

    Anecdotique ou survoltée, l’analyse des rapports entre littérature et journalisme et, plus largement, entre culture et médias a longtemps été réservée aux historiens de la presse ou aux théoriciens de la communication. Ces rapports alimentent un nombre croissant de travaux dans le domaine des études littéraires. Objets de langage, les œuvres étaient enfermées dans leurs propres contours. Voici qu’elles sont de plus en plus envisagées comme les produits de vastes configurations discursives, sociales et techniques, dont les variations à travers l’histoire font aussi varier leur perception et leur interprétation. Le mot-valise médiamorphoses résume assez bien les choses et la conversion de notre regard sur ces choses. Adhésion des objets culturels à leurs supports. Relation circulaire des uns avec les autres. Mais aussi changements de perspective quant à ces objets, par effet de l’univers médiatique contemporain sur nos schémas de compréhension. Ces processus sont abordés ici d’un triple point de vue. Point de vue historique, des années 1830 à nos jours : Lamartine, Mallarmé ou Dumas, Le Bon ou Tarde, Gramsci, Benjamin ou McLuhan sont tour à tour convoqués, acteurs autant que témoins des mutations de la sensibilité en régime journalistique puis médiatique. Point de vue analytique, sur des objets divers : de la poésie au roman-feuilleton, de la littérature à la publicité, des débats sur le reportage naissant aux formes journalistiques actuelles, des langages du pouvoir à la rhétorique réactionnaire. Point de vue théorique enfin, articulant esthétique et critique des médias : moyen d’entrevoir, derrière la rationalité des dispositifs et des théories de la communication, les fantasmagories que celle-ci recouvre, entre contrôle des esprits et évasion imaginaire.

    Pascal DURAND est professeur ordinaire à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège. Parmi ses publications figurent La Censure invisible (Actes Sud, 2006), Mallarmé. Du sens des formes au sens des formalités (Seuil, 2008) et Histoire de l’édition en Belgique (avec T. Habrand, Les Impressions Nouvelles, 2018).

  • poésie visuelle, bande dessinée, graffitis par Sémir BADIR, Maria Giulia DONDERO, François PROVENZANO (dirs)

    La sémiotique appelle syncrétisme une articulation entre deux systèmes de signes différents (par exemple, le verbal et le visuel) comme elle finit souvent par recevoir une dénomination socioculturelle homogène, notamment : la poésie visuelle, la bande dessinée, l’art urbain (ou street art). Le présent ouvrage entend proposer des outils d’analyse précis pour ce type de phénomènes, en convoquant tout particulièrement deux des développements les plus actuels de la théorie sémiotique : l’analyse énonciative et l’attention portée à la matérialité des discours. La première section ouvre la voie d’une sémiotique générale des syncrétismes, en rénovant les socles conceptuels de la sémiotique classique au profit d’une meilleure intégration des discours syncrétiques — loin de constituer des exceptions marginales, ceux-ci représentent en effet plutôt la norme de la fabrique culturelle du sens. La seconde section se décline en études de cas, groupées selon les trois grandes familles de syncrétismes envisagées. Chacun des cas soulève des questions interprétatives et méthodologiques qui se révèlent exemplaires des enjeux contemporains de l’analyse sémiotique : la prise en compte de l’expérience subjective de réception, y compris dans sa corporéité, l’articulation entre structure et histoire des formes, la place réservée aux dimensions institutionnelles et politiques des formes signifiantes dans l’espace public. L’ensemble offre un tableau riche et varié des apports de la sémiotique à ses disciplines voisines (histoire littéraire, études culturelles, études urbaines, analyse de la bande dessinée).

  • Retour sur l’origine du musée moderne par André GOB

    On situe communément l’origine du musée à la Renaissance, lorsqu’on ne la rattache pas à l’antique museon d’Alexandrie. Et pourtant, on considère à juste titre que le musée moderne, tel que nous le connaissons, s’inscrit dans la pensée du siècle des Lumières et apparaît dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le livre d’André Gob éclaire ce paradoxe d’un jour nouveau par son analyse détaillée de la création du Museo Pio-Clementino, le premier musée d’antiquités au Vatican et de la Galerie des Antiques du Musée du Louvre. Ces deux musées, qui figurent aujourd’hui parmi les plus fréquentés au monde, naissent à vingt ans d’intervalle et l’auteur suit leurs premiers pas, entre 1770 et 1818. Nombre d’éléments les relient. On connaît l’épisode des Saisies révolutionnaires qui amènent à Paris les chefs-d’oeuvre de Rome, puis leur restitution après la défaite de Waterloo. On connaît moins le rôle central joué par une famille d’érudits, les Visconti, que cet ouvrage met en exergue. À l’inverse du Collectionnisme, tourné vers son propriétaire, le musée moderne est destiné au public et se voit assigné un rôle dans la société : contribuer au progrès de celle-ci et à l’éducation des citoyens. A cela s’y ajoute une action patrimoniale et scientifique, ainsi que son insertion dans la vie culturelle et économique de la Cité, en particulier par l’accueil des touristes. Ces caractéristiques, bien connues pour les musées aujourd’hui, sont présentes dès la création des deux musées à Rome et à Paris, à la fin du XVIIIe siècle. La « muséomanie » qui s’empare de l’Europe après 1815 va diffuser le modèle de cette nouvelle institution à travers tout le continent.

    L’ouvrage d’André Gob, fondé sur le dépouillement de nombreux fonds d’archives à Rome et à Paris, apporte une démonstration convaincante de la rupture que provoque le musée moderne dans l’histoire des collections.

    André GOB, professeur honoraire, a enseigné la muséologie à l’Université de Liège pendant plus detrente ans. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles scientifiques, dont La Muséologie. Histoire, développements, enjeux actuels, cosigné avec Noémie Drouguet (Armand Colin). Il a présidé le Conseil des musées de la FWB de 2007 à 2019.

  • De la prise en compte à l’agentivité par Yves Denéchère

    La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) de 1989 a reconnu aux enfants le droit d’expression, le droit d’opinion et le droit d’association (articles 12 à 15). À l’occasion du 25e anniversaire de ce grand texte juridique (2014), estimant la parole de l’enfant « innovante et nécessaire », l’UNICEF a donné la parole à des enfants du monde afin qu’ils puissent dire leurs rêves et leurs souhaits pour le XXIe siècle. La journée internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 2017 a été placée par l’ONU sous l’égide de la question : « Êtes-vous prêts à entendre ce que les enfants du monde ont à dire ? ». Au-delà de ces manifestations ponctuelles qui donnent lieu à des actes symboliques très politiques et médiatiques, le recueil de la parole des enfants est aujourd’hui considéré comme un des enjeux forts de l’effectivité des droits de l’enfant. L’objectif de cet ouvrage est de confronter les diverses formes de prise en compte de la parole de l’enfant avec la notion d’agentivité des enfants, c’est-à-dire – au-delà de leur expression – leur capacité à être des agents actifs de leur propre vie, à exercer un contrôle et une régulation de leurs actes. La notion d’intérêt de l’enfant se trouve ainsi au coeur du dialogue interdisciplinaire et des réflexions portées par les auteur.e.s de ce volume. Dans les différentes contributions, les enfants sont perçus comme des acteurs et non comme des êtres passifs, dépendants ou incomplets ; comme des membres à part entière de la société et pour ce qu’ils sont en tant qu’enfants aujourd’hui, et pas seulement pour ce qu’ils seront demain. Les différentes sciences sociales mobilisées (droit, science politique, linguistique, archivistique, sociologie, psychologie, sciences de l’éducation, géographie) abordent les questions de la parole des enfants selon des angles variés (apprentissages, genre, famille, justice, migrations, travail) et à différentes échelles (locales, nationales, transnationales), en privilégiant l’expérience quotidienne de ces derniers.

    Yves Denéchère, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers, dirige l’unité de recherche TEMOS (CNR S) et le programme de recherche EnJeu[x] Enfance et Jeunesse. Ses travaux portent sur l’histoire contemporaine des enfants à l’échelle transnationale : migrations contraintes, droits de l’enfant, adoption internationale, parrainages humanitaires.

  • Son et sens

    15,80
    par Audrey MOUTAT

    Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité des réflexions de l’auteure sur la sémiotique de la perception et la communication du sensible. S’appuyant sur les propositions formulées en phénoménologie, en design sonore et en sémiotique, cette étude se structure en trois axes qui tracent le parcours du sens sonore, de la perception des sons à leur conceptualisation, en passant par leur mise en discours. Les sons étudiés se distinguent des objets musicaux. Il s’agit des sons du quotidien isolés en écoute réduite ou intégrés au sein de paysages sonores naturels ou construits par une activité de design. Objets sensibles parmi les plus invasifs, les sons s’avèrent pourtant les moins familiers pour la culture occidentale. Ils soulèvent de nombreux problèmes communicationnels, essentiellement liés à la pauvreté du lexique ordinaire et à un manque de connaissance du sonore. Communiquer sur les sons, ce n’est pas se référer à ce qui les origine ni aux effets qu’ils produisent sur le sujet mais les décrire pour ce qu’ils sont. Ancré dans la tradition structuraliste, ce travail montre ainsi comment les phénomènes sonores se configurent en structures signifiantes dotées de propriétés à partir desquelles il est possible de proposer de nouvelles pistes de conceptualisation et de catégorisation des phénomènes sonores.

    Audrey MOUTAT est maître de conférences en sémiotique et en sciences de l’information et de la communication à l’université de Limoges. Elle mène ses travaux de recherche sur la sémiotique de la perception à laquelle elle a consacré de nombreux articles ainsi que son ouvrage Du sensible à l’intelligible. Pour une sémiotique de la perception (Éditions Lambert-Lucas, 2015). Sa recherche s’étend également aux dispositifs de médiation et de médiatisation du sensible investis dans différents objets tels que les textes, la photographie, les objets de design, le son ou encore le numérique.

  • Table des matières Éditorial Biographie de François Jacqmin Bibliographie de François Jacqmin François Jacqmin – Pierre Puttemans : Lettres choisies d’une amitié Textes de François Jacqmin évoqués dans la correspondance Jacqmin-Puttemans « L’homme qui court » « L’Infini en automne » Notice critique de « L’homme qui court » Notice critique de « L’Infini en automne » François Jacqmin à propos de Pierre Puttemans Pierre Puttemans à propos de François Jacqmin « L’Employé de François Jacqmin » « Notes ténues » « François Jacqmin et les arts plastiques Manuel des agonisants, Poèmes inédits Notice critique des poèmes inédits du Manuel des agonisants Conventions d’édition des textes et poèmes
  • TRACES 23 par Bernard Alavoine (éd.)

    Georges Simenon est l’auteur francophone le plus adapté au cinéma et à la télévision. On pense bien sûr aux centaines d’épisodes de « Maigret », en France comme à l’étranger, mais ce sont les adaptations des « romans durs » (c’est-à-dire sans le personnage de Maigret) qui intéressent le plus la critique. En France, depuis Jean Renoir, Henri Decoin, Julien Duvivier ou Marcel Carné, les plus grands réalisateurs ont adapté Simenon. Claude Autant-Lara, Jean Delannoy, Henri Verneuil, Edouard Molinaro, Jean-Pierre Melville et Pierre Granier-Deferre ont aussi tenté l’expérience. Ensuite, Bertrand Tavernier, Claude Chabrol, Serge Gainsbourg et Patrice Leconte se sont emparés de l’oeuvre. Enfin, dans les années 2000, Cédric Kahn et récemment Mathieu Amalric (en 2014) ont porté à l‘écran des oeuvres du Liégeois international. Il y a un paradoxe Simenon : tout semble évident au début de l’entreprise, et puis les difficultés surviennent. Comment traduire le style de l’écrivain, « l’atmosphère » bien particulière de ses romans ? En adaptant Simenon, les réalisateurs ou les scénaristes se trouvent souvent confrontés à un travail de récriture dont ils n’avaient pas mesuré l’ampleur. Doit-on être fidèle au texte comme Chabrol le préconise ou au contraire fidèle à l’esprit du romancier selon Tavernier et Leconte ? Pour tenter de répondre à ces questions, l’université nationale et capodistrienne d’Athènes et l’université de Picardie-Jules Verne ont réuni à l’Institut Français de Grèce une douzaine de chercheurs ainsi que le fils du romancier, John Simenon, lui-même producteur de films et de téléfilms. Les textes réunis dans ce volume n’ont pas permis, bien sûr, de répondre définitivement aux questionnements que les organisateurs avaient suggérés, mais cet « état des lieux » à la fois partiel et subjectif a eu le mérite d’envisager l’adaptation des romans de Simenon sous un angle un peu différent alors que l’évolution des techniques et l’intérêt pour les séries télévisées ont changé la donne.

    Bernard Alavoine, maître de conférences de langue et littérature françaises, a enseigné à l’Université de Picardie. Il a publié plusieurs ouvrages sur Simenon ainsi que de nombreux articles en Belgique, en Espagne, en France, en Grèce et en Italie sur cet auteur.

  • Par COLLECTIF Sommaire

    Droits de l’Orient méditerranéen Nicolas Forest, De l’incapacité des alieni iuris à recevoir à titre gratuit en droit perse sassanide Doris Forster, La lésion énorme en droit romain et l’ona’ah en droit juif

    Droit grec Konstantinos Kapparis, The γραφὴ μοιχείας in Athenian legal procedure Carlo Pelloso, La ‘flessibilità’ nella persecuzione del furto in diritto ateniese: concorso elettivo di azioni o criterio di specialità?

    Droit romain Federica Bertoldi, Forma, formalismo e negozi formali Francesca Del Sorbo, In personam servilem nulla cadit obligatio. La capacità d’agire degli schiavi tra regole civilistiche, diritto onorario e prassi negoziale Macarena Guerrero, La reconstrucción urbanística de una Roma en ruinas tras el incendio del año 64: el proyecto de Nerón en Tácito Anales 15,43 Francesca Lamberti, Convivenze e ‘unioni di fatto’ nell’esperienza romana: l’esempio del concubinato Paolo Marra, Un cas particulier de transfert de propriété à titre de garantie : la « Mancipatio Pompeiana » Joaquin Muñiz Coello, Sobre las doce tablas. Algunas propuestas historiográficas Renato Perani, Hypothecam in testamento dare. Sulla costituzione di garanzie reali mortis causa Aldo Petrucci, Les déposants face au risque de crise financière d’un banquier chez les juristes romains Elena Sanchez Collado, La responsabilité du negotiorum gestor dans la survenance du cas fortuit et les origines historiques de l’article 1891 du code civil espagnol Eltjo Schrage, Ungerechtfertigte Bereicherung: Einige Bemerkungen aus dem Bereich der vergleichenden Rechtsgeschichte Patrick Tansey, Publilius, Asprenas and Brutus: A note on D.3.1.1.5 Lothar Thüngen, Anmerkungen zun den Scholia Sinaitica Andreas Wacke, Das nach siegreich bestandenem Wettkampf zurückzuzahlende Athleten-Darlehen. Eine Entgegnung auf Éva Jakab Gianluca Zarro, “Sepulchrum”, “monumentum”, ed aree “adiectae”: elementi comuni e discipline differenziali

    Chroniques
  • Par Nicolas MEYLAN

    La religion des Vikings fascine depuis longtemps. Toutefois, si l’on connaît les aventures de Thor ou d’Odin, les conditions dans lesquelles leurs mythes furent transmis n’ont pas fait l’objet d’un même type d’attention. Or, un constat s’impose : dans leur très grande majorité, les sources qui nous renseignent sur cette religion sont le fait d’auteurs chrétiens, qui les mirent par écrit des siècles après la conversion dans des contextes sociopolitiques précis. C’est dire que ces textes — mythes, sagas, poèmes, lois — posent problème pour la reconstruction de l’histoire de la religion de la Scandinavie préchrétienne. Adoptant un point de vue critique, ce volume problématise l’ancrage chrétien, et donc tardif, des sources et propose une analyse articulant les représentations religieuses « païennes » d’avant la conversion au contexte de leur production. Il s’agit ainsi de se demander comment et pourquoi des Islandais médiévaux mobilisèrent les esprits de la terre, le sacrifice humain, la magie, le destin, ainsi que Thor ou sa mère la Terre. Fondé sur une étude détaillée de sources provenant de l’Islande des XIIe et XIIIe siècles, attentive aux désaccords entre celles-ci, ce volume propose également une réflexion sur les méthodes, les objets et les visées d’une histoire des religions critique. Prenant le contrepied de travaux synthétiques sur la religion préchrétienne, il accorde une place centrale aux conflits qui traversent les sociétés scandinaves et montre comment les discours religieux, « païens » aussi bien que chrétiens, sont instrumentalisés pour maintenir ou, au contraire, bouleverser les configurations sociopolitiques, à une époque où la royauté norvégienne opère violemment sa centralisation et manifeste ses visées impérialistes sur une Islande secouée elle aussi par les ambitions de ses chefs.

    Nicolas MEYLAN est Maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne et chargé de cours à l’Université de Genève. Ses travaux portent sur la Scandinavie médiévale et sur l’historiographie de l’histoire des religions. Il est notamment l’auteur de Magic and Kingship in Medieval Iceland et de Mana: A History of a Western Category.
  • Lieux, protagonistes, rôles, enjeuxet stratégies professionnelles par Daniela N. PRINA (éd.)

    L’architecture et l’urbanisme en Belgique au long XIXe siècle. Lieux, protagonistes, rôles, enjeux, et stratégies professionnelles se fixe pour objectif d’explorer les divers aspects de la professionnalisation des architectes belges au cours d’une période cruciale pour la définition de la discipline architecturale, marquée par l’essor industriel du pays, les changements des modes de production, ainsi que par les vicissitudes politiques qui impactent fortement l’identité culturelle du jeune État-nation. Durant cette période riche en changements, où la discipline architecturale est inlassablement soumise à un parcours de révision critique qui influence les curricula des académies et des écoles de dessin fraîchement créées, les architectes commencent à établir de manière plus précise leurs domaines d’actions, les possibilités d’expansion de leurs missions, de même que la recherche d’un équilibre entre élan artistique et connaissance technique. Dépourvus à l’époque d’une définition juridique de leur profession (le diplôme d’architecte étant créé seulement en 1936) leur permettant de se démarquer face à la concurrence des entrepreneurs et des ingénieurs, les architectes recouvrent en effet plusieurs fonctions distinctes. Ils essaient alors de s’organiser par le biais d’une association, la Société Centrale d’Architecture de Belgique, qui, à partir de 1874, joue un rôle clé dans le développement des missions de tutelle de la profession d’architecte, afin de voir clairement reconnues leurs compétences spécifiques par l’état. À travers une série de contributions centrées sur des éléments variés de la pratique architecturale, allant de la gestion du chantier de projet à la restauration, de la circulation et transmission de la culture architecturale à la relation entre formation et profession, cet ouvrage permet de découvrir de nombreuses facettes du travail des architectes belges au cours du long XIXe siècle.

    Daniela N. Prina (Université Libre de Bruxelles), est docteur en histoire de l’architecture. Elle a publié de nombreux essais et articles sur des figures, épisodes et problématiques inhérents aux XIXe et XXe siècles, approfondissant des thématiques liées à l’architecture et à la ville, aux relations entre profession et formation didactique, et aux liens entre architecture et design.
  • La Liste

    12,00
    par Vera Viehöver (dir.)

    Créée en 2002, la revue Formes poétiques contemporaines étudie la poésie des XXe et XXIe siècles dans sa dimension formelle. La forme est ici conçue comme ressortissant à l’ensemble des plans qui relèvent de la dimension linguistique, infra-linguistique et/ou visuelle du texte, et qui se prêtent à l’observation et à la description méthodiques. FPC accueille des articles de réflexion et d’analyse scientifique dans des dossiers thématiques, mais aussi des contributions des poètes eux-mêmes.

    La liste Dossier publié sous la direction de Vera Viehöver Jan Baetens | Paola Bozzi | Charlène Clonts | Thomas Keith | Raluca Manea | Anca Mitroi Sprenger | Jason Skeet Ana Blandiana | Nora Gomringer | Robert Lax | Michèle Métail | Lev Rubinštejn et Dmitrij Prigov | Anne Tardos

    Parole aux poètes David Caplan | Michel Delville | Vincent Tholomé | Grzegorz Wróblewski | Yekta

    Varia Jan Baetens | Alain Chevrier | Gérald Purnelle Pierre Alferi | Blaise Cendrars | Bernard Delvaille

  • Choix de documents traduits et commentés par Jean A. STRAUS Après la conquête de l’Égypte par Alexandre (hiver 332-331 av. J.-C.), de nombreux hellénophones s’installent dans le pays, espérant y trouver la réussite. Ils apportent avec eux leur langue et leur mode de vie. L’esclavage fait partie de celui-ci. La mort de Cléopâtre en 30 av. J.-C. entraîne l’annexion du pays par Rome. Des Romains s’établissent en Égypte, mais le latin y est infiniment moins utilisé que le grec, langue pratiquée par l’élite romaine. Ces Romains emploient aussi les esclaves. Grecs, Romains et même Égyptiens rédigent sur papyrus et ostraca (tessons de céramique ou éclats de pierre), en grec ou en latin, une série de documents variés, officiels ou privés, dans lesquels apparaissent des esclaves. Dans ce livre, l’auteur présente un choix de ces documents écrits entre 30 av. J.-C. et 400 apr. J.-C. Ces documents illustrent de manière originale la vie des esclaves dans l’Égypte romaine sous les titres suivants : devenir esclave, changer de maître, l’esclave utilisé, l’esclave contribuable, l’esclave différent, l’esclave malfaiteur, l’esclave maltraité ou puni, l’esclave fugitif, l’esclave et ses maîtres, cesser d’être esclave. Chaque document est traduit et accompagné d’un commentaire qui en permet une bonne compréhension. Jean A. Straus est licencié en histoire ancienne de l’Université de Liège et docteur en histoire de l’École Pratique des Hautes Études de Paris. Il enseigne la papyrologie documentaire à l’Université de Liège. Il est l’auteur de nombreux articles et d’un livre sur l’esclavage dans l’Égypte romaine : L’achat et la vente des esclaves dans l’Égypte romaine. Contribution papyrologique à l’étude de l’esclavage dans une province orientale de l’empire romain (Munich-Leipzig, 2004).
  • La vie quotidienne en Égypte au IIIe siècle par Antonio Ricciardetto & Danielle Gourevitch Les papyrus retrouvés en masse dans les sables d’Égypte offrent la possibilité de connaître la vie quotidienne des habitants du Pays du Nil sous la domination des Romains, non seulement des hommes et des femmes, mais aussi des enfants. Ils ne peuvent dès lors que susciter la curiosité des jeunes lecteurs. C’est sur cette documentation abondante que se fonde Théon, l’enfant grec d’Oxyrhynque. Un tantinet bavard mais surtout très curieux, Théon raconte son histoire en Égypte, au début du IIIe siècle. Du haut de ses onze ans, il décrit le monde qui l’entoure. Au fur et à mesure du récit, le garçon grandit ; il apprend le métier de tisserand, qui est celui de son père et de ses aïeux. Le récit s’achève par la fin de son enfance et son désir de se marier, et par trois brèves histoires, trois « héros » qui le font rêver : Alexandre le Grand, Cléopâtre et Antinoos. À l’exception de l’intrigue, qui est imaginée, tout, dans le récit, est véridique et documenté. Le livre est aussi illustré de nombreuses photographies de portraits, d’objets et de lieux, afin de sensibiliser les enfants et les adolescents à l’histoire de l’art et à la variété de l’iconographie. Il s’adresse donc aux jeunes lecteurs, amateurs d’histoire, mais on peut aussi lire la vie de Théon en famille. Danielle Gourevitch, professeur des universités, directeur d’études honoraire à l’EPHE à Paris, président honoraire de la Société française d’histoire de la médecine, éditeur de Soranos d’Éphèse et spécialiste de Galien, de la femme et de l’enfant dans le monde romain, ainsi que de l’érudition médicale au XIXe siècle en Europe. Elle est l’auteur ou co-auteur d’une quinzaine de livres et de quelque 330 articles. Site : dgourevitch.fr. Docteur en Langues et Lettres (2015) de l’Université de Liège, Antonio Ricciardetto est l’auteur d’une cinquantaine d’articles dans les domaines de la papyrologie et de l’histoire de la médecine et l’éditeur de « L’Anonyme de Londres », un papyrus médical grec du Ier siècle de notre ère, dans la Collection des Universités de France (Paris).
  • Une tératologie de l’art et du social par Yanna KOR, Didier PLASSARD & Corinne SAMINADAYAR-PERRIN (dirs)

    Le monstre hante les imaginaires de la modernité, de Quasimodo à Ubu et de l’Homme qui rit au nain Philippo, réduit à sa seule tête dans les Impressions d’Afrique de Roussel. Le grotesque romantique a en effet ouvert le champ, d’un siècle à l’autre, aux plus grandes métamorphoses. Entre 1848 et 1914, l’histoire naturelle s’intéresse à la genèse des monstres ; le public des foires contemple les corps difformes ou estropiés ; médecins et psychosociologues expriment, à travers toute une tératologie, leur obsession de la dégénérescence des peuples et des civilisations. De cette figure du monstre, la littérature et le théâtre s’emparent avec les moyens symboliques qui leur sont propres. L’être monstrueux y prête sa chair aux aberrations du corps politique et social. Ou bien il y figure anomalies psychiques et déviances morales. Ou bien encore il s’y fait reflet de « l’âme monstre » dont a parlé Rimbaud. L’esthétique des oeuvres, prise elle aussi de contorsions diverses, n’y échappe pas. Langage, style, composition s’en trouvent pervertis. S’impose alors, sur le papier comme sur la scène, une littérature monstre à tous les sens du terme.

    Yanna KOR, docteure de l’université Paul-Valéry Montpellier 3, est spécialiste de Jarry et du théâtre de marionnettes français du XIXe siècle.

    Didier PLASSARD est professeur en études théâtrales à l’université Paul-Valéry Montpellier 3 et chercheur principal du projet PuppetPlays financé par le Conseil Européen de la Recherche.

    Corinne SAMINADAYAR-PERRIN est professeure à l’université Paul-Valéry Montpellier 3 ; on lui doit des travaux sur Jules Vallès, le discours de presse et l’inscription du social dans la littérature du XIXe siècle.

  • par Côme MARTIN

    Cet ouvrage se propose d’examiner des oeuvres, romans, bandes dessinées et récits numériques, qui déploient des stratégies multimodales innovantes et complexes dans la construction de leur narration, en postulant qu’elles peuvent mettre en difficulté leur lectorat et amener à les lire à la limite de ses habitudes. Les récits multimodaux contemporains étudiés en ces pages vont ainsi aller à l’encontre de l’horizon d’attente de leur lectorat et faire de l’acte de lecture, habituellement irréfléchi, un processus actif et volontaire. Lire ces oeuvres multimodales à la limite de ses habitudes, c’est les considérer sous tous les angles et les approcher comme démonstrations les plus évidentes que l’aspect visuel d’un livre, dans sa totalité, repose sur un certain nombre de conventions désormais invisibles car assimilées par le lectorat. Parce que de tels dispositifs bouleversent nos habitudes de lecture, on ne peut les ignorer : ils amènent des anomalies ou des déviations invitant à être interrogées, analysées, explorées. C’est la feuille de route que se propose, modestement, cet ouvrage : à travers des oeuvres inhabituelles, dans tous les sens du terme, mettre en lumière différents aspects matériels et esthétiques du récit littéraire et graphique que l’on aurait tendance à tenir pour acquis.

    Côme MARTIN est docteur en littérature contemporaine américaine ; il travaille sur les relations entre texte et image et sur les formes matérielles du livre, aussi bien en bande dessinée qu’au sein du roman.

  • Introduction aux approches fonctionnalistes par Christiane NORD Traduction par Beverly ADAB et Clémence BELLEFLAMME

    Si les idées de Christiane Nord séduisent tant d’étudiantes et étudiants, qui s’en servent volontiers pour commenter leur pratique et justifier leurs choix, c’est loin d’être un hasard. En effet, sa théorie, contrairement à beaucoup d’autres, peut être appliquée à tout type de textes, issus des domaines les plus variés. De plus, l’attention portée aux conditions de travail du traducteur professionnel et l’importance accordée aux consignes de traduction authentiques rencontrent les préoccupations des traducteurs et traductrices en herbe. Le succès de cette approche est par ailleurs lié au grand souci didactique de la théoricienne, qui s’intéresse aussi aux questions de formation et aux programmes universitaires. Le présent volume, avec ses multiples exemples et son glossaire, ne fait pas exception à la règle et constitue un véritable ouvrage de référence sur les approches fonctionnalistes de la traduction. Publié pour la première fois en 2008 chez Artois Presses Université, La traduction : une activité ciblée est le seul ouvrage de Christiane Nord traduit en français. Le volume étant épuisé, la réédition dans la jeune collection Truchements s’est imposée comme une évidence. L’édition présentée ici est une version revue de celle de 2008, augmentée par l’ajout d’un chapitre initialement rédigé en 2018 et inédit en français. Celui-ci poursuit l’histoire du fonctionnalisme que l’auteure s’emploie à retracer tout au long du livre. En outre, la bibliographie a été actualisée pour qu’y figurent les traductions aujourd’hui disponibles en français. La présente réédition entend rendre aux lectrices et lecteurs francophones l’accès à ce texte fondamental pour la recherche, l’enseignement et la pratique de la traduction, et ce, dans leur langue maternelle. À l’heure où la traductologie oeuvre encore et toujours pour occuper la place qui est la sienne au sein des sciences humaines, c’est un honneur de rééditer Christiane Nord.

    Christiane NORD est l’une des figures majeures des approches fonctionnalistes de la traduction, dans la lignée de K. Reiss et H. Vermeer. Dans ses nombreux travaux, dont la portée internationale est indéniable, la traductologue allemande articule théorie, pratique et didactique de la traduction.

  • par Collectif

    Sommaire

    In memoriam

    Jean-François Gerkens, In Memoriam Johan Albert (Hans) Ankum

    Droit grec

    Przemysław Kubiak, Drunkenness as an Extenuating Circumstance in Ancient Legal Thought. Some Remarks on Speeches of Attic Orators (Lysias, Demosthenes) ; Clément Chillet, La lex Papia de 65 avant J.-C. sur « l’usurpation de citoyenneté » ; Nunzia Donadio, La confutazione della testimonianza scritta tra precettistica retorica e prassi processuale in età flavia ; Yuri González Roldán, Argomenti del libro primo delle Epistole di Giavoleno ; Ido Israelowich, Land surveyors and the Roman court ; Emilia Mataix Ferrándiz, De incendio ruina naufragio rate nave expugnata. Origins, context and legal treatment of shipwrecking in Roman law ; J. Michael Rainer, Iudicia, Responsa, Rescripta: Zu den Römischen Rechtsquellen ; David Tritremmel, Fünf Modelle zur Haftung des conductor für das Verhalten anderer Personen bei der locatio conductio rei

    Réception du droit romain

    Alessia Legnani Annichini, “Non est idoneus testis.” The prohibition of the mediator’s testimony in the Middle Ages ; Andrzej Wadas, Arrectisque auribus adstant (Aeneid I, 152). Elements of the Roman Law and Tradition in the Jesuit Ratio Studiorum

    Chroniques

    Jean-François Gerkens, La SIHDA à Édimbourg

    XIe Prix International de droit romain Gérard Boulvert

    Ouvrages reçus par la direction

  • par Grégory CORMANN (éd.)

    Préambule

    I. Littératures engagées, 1945-1948. Théâtre, littérature, politique

    Dennis Gilbert, Sartre en retraduction. Son « Reportage de France » destiné au public théâtral américain

    Jean-Paul Sartre, Reportage de France

    Andrea Cavazzini, Esthétique et communisme I. Sartre-Bataille : vie bourgeoisie et existence souveraine

    Grégory Cormann, Archives de l’année 1948 : Sartre avec Adorno. Compte-rendu imaginaire

    II. Bibliographie

    III.  Informations

    Colloque du GES

    Manuscrits et archives. Le travail des inédits : Sartre

    Grégory Cormann, Les inédits de Sartre. Bilan prospectif, 2001-2020

    Jean Bourgault, Sur la lecture des manuscrits

    Gautier Dassonneville, De l’hallucination à l’image :  les enjeux de la prise  de mescaline par Sartre.  Sartre et Merleau-Ponty face à la psychologie française des années 1930

    Alexandre Feron, Un manuscrit retrouvé. Les « Entretiens sur le marxisme et l’existen­tialisme » entre Jean-Paul Sartre et Trần Đức Thảo (1949-1950)

    Activités sartriennes

    Nécrologie

    Théâtre

    Actualité de Sartre, médias et divers

    IV. Comptes rendus et recensions critiques

  • Presse, littérature et médias, culture médiatique et communication par Pascal DURAND

    Anecdotique ou survoltée, l’analyse des rapports entre littérature et journalisme et, plus largement, entre culture et médias a longtemps été réservée aux historiens de la presse ou aux théoriciens de la communication. Ces rapports alimentent un nombre croissant de travaux dans le domaine des études littéraires. Objets de langage, les œuvres étaient enfermées dans leurs propres contours. Voici qu’elles sont de plus en plus envisagées comme les produits de vastes configurations discursives, sociales et techniques, dont les variations à travers l’histoire font aussi varier leur perception et leur interprétation. Le mot-valise médiamorphoses résume assez bien les choses et la conversion de notre regard sur ces choses. Adhésion des objets culturels à leurs supports. Relation circulaire des uns avec les autres. Mais aussi changements de perspective quant à ces objets, par effet de l’univers médiatique contemporain sur nos schémas de compréhension. Ces processus sont abordés ici d’un triple point de vue. Point de vue historique, des années 1830 à nos jours : Lamartine, Mallarmé ou Dumas, Le Bon ou Tarde, Gramsci, Benjamin ou McLuhan sont tour à tour convoqués, acteurs autant que témoins des mutations de la sensibilité en régime journalistique puis médiatique. Point de vue analytique, sur des objets divers : de la poésie au roman-feuilleton, de la littérature à la publicité, des débats sur le reportage naissant aux formes journalistiques actuelles, des langages du pouvoir à la rhétorique réactionnaire. Point de vue théorique enfin, articulant esthétique et critique des médias : moyen d’entrevoir, derrière la rationalité des dispositifs et des théories de la communication, les fantasmagories que celle-ci recouvre, entre contrôle des esprits et évasion imaginaire.

    Pascal DURAND est professeur ordinaire à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège. Parmi ses publications figurent La Censure invisible (Actes Sud, 2006), Mallarmé. Du sens des formes au sens des formalités (Seuil, 2008) et Histoire de l’édition en Belgique (avec T. Habrand, Les Impressions Nouvelles, 2018).

  • par Guy MASSART avec la collaboration de Julie Dénommée
    Cet ouvrage documente et analyse une expérimentation de recherche en sciences sociales menée en Afrique de l’Ouest au sein d’une Organisation Non-Gouvernementale Internationale de développement centrée sur l’enfance – Plan-International. L’histoire de cette aventure explore des questions cruciales : recherche et intervention sont-elles conciliables ? Comment associer des enfants à la recherche ? Quel est leur intérêt à en être ? Avec quelles conséquences ? Cette expérimentation avec les enfants oscille entre la recherche participative et collaborative. Les auteurs défendent le grand intérêt de l’association avec des artistes. Ils indiquent des voies, recommandent des postures, et soulignent les divers effets, les limites ainsi que les défis des techniques d’expression adoptées. L’ouvrage est non seulement une invitation à l’expérimentation permanente et à l’intégration de la recherche dans les institutions d’intervention en faveur de l’enfance comme mode d’action auprès de leurs publics, ainsi qu’une source d’adaptation continue ; il présente aussi des usages de la recherche par les enfants et les jeunes. On y découvre comment ils parviennent à se créer des espaces politiques et des positionnements à travers la curiosité, l’art – notamment le rap – et le débat. Ancrés dans la pratique, les divers exemples et documents issus de cette expérimentation présentés ici témoignent de la sensibilité des chercheurs/ethnographes qui ont réalisé les travaux et de la générosité de leurs interlocuteurs. Ces traces, des photographies et des extraits d’échanges et de performances, proposent une identité générationnelle ouest-africaine forte : des jeunes et des enfants réalistes et dynamiques. Guy Massart, docteur en sciences de la communication de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (ENS-LSH), poursuit des projets ethnographiques expérimentaux. Ses intérêts de recherche portent sur les masculinités contemporaines, la performativité des expressions artistiques et les relations entre l’anthropologie et l’art (www.masscabas.net). Julie Dénommée est docteure en anthropologie de l’Université de Montréal, elle est spécialisée dans les cultures populaires ouest-africaines. Elle s’intéresse plus spécifiquement aux modifications de la conjugalité et des relations intergénérationnelles dans l’urbanité ouestafricaine.
  • Incipit des romans de Georges Simenon par Jean-Louis Dumortier (éd.)
    « Il avait appris à écrire » : retourner ainsi le titre d’un célèbre essai consacré aux incipit, serait-ce donner à entendre que Simenon, au contraire d’Aragon, bien faraud de prétendre n’avoir jamais appris à écrire, applique des procédés qui lui ont été enseignés ? Bien sûr que non ! On sait que sa scolarité a été écourtée et qu’il n’a pu bénéficier, de la part de ses maîtres, de conseils d’écriture susceptibles de faire de lui le romancier qu’il est devenu, un « pêcheur au lancé » capable, en quelques phrases, d’appâter et de ferrer le lecteur. Cette capacité, c’est le fruit d’un apprentissage « sur le tas », en tant que fournisseur de la presse quotidienne, d’abord, puis, très vite, d’une littérature vouée à la consommation rapide. Peut-on dire que Simenon, au cours des années de maturation sous pseudonymes, a fabriqué des hameçons tout à fait personnels et qu’il a découvert une manière de jeter la ligne à nulle autre pareille ? Sans doute pas : ce serait un jeu d’enfant de trouver, chez ses contemporains, à l’entame des romans, des situations et des personnages aussi indéterminés que les siens, qui piquent la curiosité et suscitent le désir de savoir qui ils sont et ce qui les a menés là où ils sont. Mais il y a chez lui un degré d’intrication des points de vue bien supérieur à celui qui se rencontre chez ses confrères, une alternance de perspectives – sans scrupules pourrait-on dire – qui, à la fois, peut décontenancer le lecteur engoncé dans les habitudes de réception de la narration réaliste, et lui ouvrir de vastes espaces d’interprétation. Quelque chose arrive à quelqu’un quelque part ; quelqu’un parle, mais ce qui a lieu ou ce qui est dit est donné à connaître à travers un énoncé dont la source est indécise ou dont l’énonciateur n’est pas sûr. Si la formule n’était rebattue, on pourrait dire « Ça parle » et il revient au lecteur de chercher ce que ça signifie pour lui, ce qui est à comprendre, ou, plutôt, ce qui peut être compris à partir de, grâce à, malgré aussi parfois ce qui est dit – ou tu. De tous les écrivains « réalistes », Simenon est peut-être celui qui laisse le plus de marge à l’interprète, celui qui, en régime de clôture du sens, débarrasse le récit de la plupart des figures dévolues à son avènement, ou ne les convoque que pour contester leurs prétentions. Il invite ainsi implicitement le lecteur à débrouiller l’écheveau et, sans le mettre en garde noir sur blanc, il lui laisse entrevoir le risque de ne tirer que sur quelques fils. Ici, très modestement, il a été proposé à des lecteurs issus de diverses communautés interprétatives et pas tous, loin de là, également familiers de Simenon, de mordre dans l’esche d’un incipit, ou de dire de quoi elle est faite, ou d’être à la fois le poisson et celui qui l’appâte. Il s’agissait de ne pas relancer le carrousel des généralités sur l’univers fictionnel du romancier, mais de mettre le doigt sur les mots, sur les phrases qui incitent à y entrer. Jean-Louis DUMORTIER, professeur ordinaire honoraire de l’Université de Liège, y a dirigé, de 1999 à 2014, le Service de didactique du français. Il a publié trois livres et une vingtaine d’articles sur Simenon. Membre du Centre d’Études Georges Simenon, il est actuellement directeur de publication de la revue Traces, créée par Danielle Bajomée.
  • par Maaheen Ahmed (ed.)
    Snoopy and Charlie Brown, Calvin and Hobbes, Tintin and Snowy… comics are home to many memorable child and animal figures. Many cultural productions, especially children’s literature and cartoons, stress the similarities between children and animals, similarities that have their limits and often place the child, as human, above the animal. Still, these fictional situations offer opportunities for thinking of child-animal relationships in diverse ways through, for instance, considering the possibilities of privileged contact between children and animals or of animals that are more knowledgeable and powerful than children and even adults. Despite the prevalence and success of child-animal tandems in comics and culture, we know very little about these relationships. What makes them so popular? How do they work? How much do they vary across time and cultures? What do they tell us about the place of animals and children in comics and in the real world? Strong Bonds: Child-animal Relationships in Comics takes a first, important step in this direction. Bringing together scholars with a diverse range of comics expertise, the volume’s chapters combine contextualized readings of comics with relevant theories for interrogating childhood and animalhood, their overlaps and divergences. The strong bonds between children and animals mapped out here point towards alternative modes of conceptualizing family and identity and, ultimately, alternative means of reading, interpreting and imagining. With chapters on early comics (the Italian children’s magazine Corriere dei Piccoli during WWI, Harold Gray’s Little Orphan Annie) international and regional classics (Tintin, the Flemish Jommeke) and contemporary graphic novels (Bryan Talbot’s A Tale of One Bad Rat, Brecht Even’s Panther), this critical anthology sheds light on a vast array of child-animal relationships in comics from Europe and North America. Maaheen Ahmed is an associate professor of comparative literature at Ghent University. She is author of Openness of Comics (2016) and Monstrous Imaginaries: The Legacy of Romanticism in Comics (2020). She is currently principal investigator of the ERC-funded project COMICS which seeks to piece together an intercultural history of children and comics.
  • Philosopher à l’École d’Alexandrie Textes d’Étienne ÉVRARD Réunis et édités par Marc-Antoine GAVRAY

    De Jean Philopon, nous savons peu de choses, mais ses œuvres volumineuses soulèvent de nombreuses questions. De quelle nature furent sa vie, ses convictions et sa place dans l’École d’Alexandrie ? Comment composa-t-il ses commentaires et ses traités polémiques ? Dans quel ordre ? Autant de problèmes dans lesquels Étienne Évrard s’est aventuré durant les cinquante années qui séparent les six études rassemblées dans ce volume.

    Son enquête autour de Philopon montre combien cette figure, en apparence mineure, a joué un rôle central dans la transmission des philosophies antiques, tout comme dans le passage de l’hellénisme au christianisme. Partant de la création du monde et de la nature du ciel, Évrard examine la chronologie et la méthode de Philopon, en passant par une analyse minutieuse de son usage de la double exégétèse (L’École d’Olympiodore et la composition du Commentaire à la Physique de Jean Philopon, 1957, inédit). Il propose ensuite ce qui aurait dû être la toute première reconstitution du traité perdu Sur l’éternité du monde, contre Aristote, et qui demeure la première traduction française des deux premiers livres (1961, inédite). Il interroge les procédés de composition de Philopon, ses modes d’argumentation et de réfutation. Mais il ouvre également des pistes sérieuses pour comprendre l’emploi de la citation chez Simplicius, l’adversaire de Philopon et son principal témoin. Il fournit ainsi les clefs pour entrer dans un débat qui met aux prises deux monuments du néoplatonisme tardif, l’un chrétien l’autre païen.

    Étienne Évrard (1921-2009) a été professeur de latin à l’université de Liège. Spécialiste de Philopon, il s’est pris de passion dès les années 1960 pour les humanités numériques naissantes. Son intérêt pour le néoplatonisme ne l’a pourtant jamais quitté, mais l’a accompagné durant toute sa carrière.

    Marc-Antoine Gavray est chercheur au FRS-FNRS et enseigne l’histoire de la philosophie antique à l’université de Liège. Spécialiste de Simplicius, il s’est pris de passion pour les écrits d’Étienne Évrard à la faveur d’une inondation. Son intérêt pour les sophistes ne l’a pourtant jamais quitté.

  • par David BOUVIER & Véronique DASEN (éds)

    Dans le cadre du projet Locus Ludi. The Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity, financé par le Conseil Européen de la Recherche (ERC), une réflexion collective s’imposait sur le célèbre fragment d’Héraclite : « Le temps est un enfant qui joue en déplaçant des pions : la royauté de l’enfant ». Les quatorze contributions de ce volume proposent chacune différentes approches et lectures de cette phrase énigmatique. Tout un livre sur une phrase, tant elle pose de questions et autorise de réponses. Chaque mot mérite son enquête avec le débat sur ses significations. Comment comprendre l’aiôn ? « Temps », « vie », « temps de la vie », « force vitale », « existence », « éternité » ? Qui est l’enfant, quel âge a-t-il ? À quel jeu surtout joue-t-il ? L’ouvrage offre un bilan des différentes interprétations, philosophiques, politiques, oraculaires, des conditions de la transmission du fragment, de sa place dans l’oeuvre d’Héraclite, du contexte de production, des rapports avec d’autres poètes et philosophes, à l’histoire des jeux de pions et de dés, tout en s’interrogeant sur la dimension philosophique du jeu. Des pistes novatrices sont ouvertes. Dire qu’un enfant joue revient à énoncer l’évidence, sauf si l’enfant est autre chose qu’un simple enfant. Les enfants ne seraient-ils pas, dans et par le jeu, une image d’Héraclite lui-même ? Un Héraclite poète et joueur, poète parce que joueur. Le regard posé sur l’enfance doit aussi être remis en question. Loin d’instrumentaliser l’enfant pour dénoncer l’incompétence des adultes, Héraclite met en scène un enfant incarnant l’Aiôn en tant que force vitale source d’éternel renouvellement. Le déplacement de ses pions symbolise son apprentissage de l’ordre et désordre du monde. Le jeu instaure un équilibre temporaire dans le cosmos, et la royauté de l’enfant devient synonyme de sa capacité à gérer un monde menacé par le chaos. Et le jeu, avec les mots et les dés, ne finit ici jamais.

    David BOUVIER est professeur de langue et littérature grecques à l’Université de Lausanne et chargé de cours de mythologie à l’EPFL. Il a été professeur invité à l’Université de Chicago, à l’EHESS et à l’Université de Pise. Ses travaux portent principalement sur la poésie homérique et sa réception.

    Véronique DASEN est professeure d’archéologie classique à l’Université de Fribourg, et spécialiste d’anthropologie culturelle antique. Ses nombreuses publications portent sur l’histoire du corps, de l’enfant, du genre et du jeu. Elle dirige le projet Locus ludi financé par l’European Research Council (no 741520).

  • par Céline Redard, Juanjo Ferrer-Losilla, Hamid Moein & Philippe Swennen (éds)

    Les temps sont mûrs pour définir un nouveau type de comparatisme indo-iranien, qui serait fondé sur une approche globale de littératures pareillement constituées à des fins liturgiques : la védique et la mazdéenne. Telle était la conviction commune aux organisateurs du colloque intitulé Aux sources des liturgies indo-iraniennes, qui s’est tenu à l’Université de Liège, les 9 et 10 juin 2016, avec l’appui du Fonds National pour la Recherche Scientifique. Le présent volume, fondé sur les contributions présentées à ce colloque, est destiné à permettre à des indianistes et à des iranistes spécialisés dans ces questions de faire le point sur l’état des connaissances en présence les uns des autres.

    Céline Redard (chercheuse postdoctorale, SOAS, Londres) travaille sur les rituels zoroastriens tels qu’ils ont été transmis dans les manuscrits et leurs liens avec la pratique contemporaine. Son prochain livre, coécrit avec Jean Kellens, Introduction à l’Avesta décrit l’état de la recherche sur ce corpus.

    Juanjo Ferrer-Losilla (chargé de recherches du FNRS, Université de Liège) a consacré sa thèse, soutenue en 2013, à la morphologie du moyen-perse et du parthe, puis s’est intéressé à la paléographie des manuscrits zoroastriens et à l’étude du Dēnkard. Outre ses nombreuses contributions à l’Avestan Digital Archive, on peut signaler l’ouvrage The Avestan Liturgical Widēwdād Manuscript 4010 publié en 2019 à Girona.

    Hamid Moein (chercheur postdoctoral du FWO, Université de Gand) a soutenu à l’Université de Liège sa thèse de doctorat consacrée aux instructions rituelles zoroastriennes basées sur les manuscrits des rivāyates persanes. Actuellement il poursuit à l’Université de Gand des recherches sur les manuscrits persans de la période du Sultanat du Gujarat et de l’empire moghol.

    Philippe Swennen (titulaire de la chaire « Langues et religions du monde indo-iranien ancien » à l’Université de Liège) mène ses recherches principalement sur l’étude de la signification des cérémonies sacrificielles védiques décrites dans les traités brahmaniques en prose, notamment avec une intention comparatiste indo-iranienne. Il a notamment publié D’Indra à Tištrya en 2004.

  • Continuités et ruptures des pratiques scribales en Égypte pharaonique, gréco-romaine et byzantine par Nathan CARLIG, Guillaume LESCUYER, Aurore MOTTE et Nathalie SOJIC (éds)

    S’inscrivant dans la suite du volume Signes dans les textes, textes sur les signes, paru en 2017 (Papyrologica Leodiensia, 6), le présent ouvrage rassemble 17 contributions présentées lors du colloque international organisé à l’Université de Liège du 2 au 4 juin 2016. Dans une perspective interdisciplinaire et diachronique, elles examinent les formes et fonctions des signes dans les textes produits en Égypte, en tenant compte de la variété de langues, de systèmes d’écriture et de supports utilisés. Couvrant un arc chronologique de plus de trois millénaires, les contributions s’efforcent de mettre en évidence les continuités et les ruptures dans les pratiques scribales depuis l’époque pharaonique jusqu’à l’époque byzantine.

    Nathan CARLIG a été formé à la philologie classique, à la papyrologie et à la coptologie à Liège, Paris et Rome. Membre du Centre de Documentation de Papyrologie Littéraire (CEDOPAL), il est actuellement chargé de recherches du F.R.S.-FNRS à l’Université de Liège. Ses recherches portent sur les relations entre paideia et christianisme et sur l’histoire du livre et des pratiques scribales antiques.

    Guillaume LESCUYER est titulaire d’un master en égyptologie et copte de l’Université de Genève (2011). Il a ensuite été doctorant à l’Université de Liège, où son travail a porté sur le démotique et le copte.

    Aurore MOTTE est diplômée de l’Université de Liège, où elle a mené ses recherches doctorales financées par le F.R.S.-FNRS. Elle est actuellement chercheuse post-doctorale à l’Université Johannes Gutenberg de Mayence grâce à une bourse de recherche de la fondation Alexander von Humboldt. Ses recherches portent notamment sur la philologie égyptienne, les variations sociolinguistiques, la matérialité de l’écrit et le concept de paratextualité en Égypte ancienne.

    Nathalie SOJIC est docteure en Langues et Lettres (égyptologie), collaboratrice scientifique à l’Université de Liège et membre du programme d’étude des ostraca hiératiques littéraires de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire. Elle poursuit des recherches dans les domaines de la papyrologie et de la paléographie hiératique du Nouvel Empire égyptien.

  • Tutankhamun

    40,00
    Discovering the Forgotten Pharaoh Exhibition Catalogue par S. CONNOR & D. LABOURY (eds)

    Cet ouvrage est conçu comme un guide destiné à accompagner les visiteurs de l’exposition Toutankhamon, à la découverte du pharaon oublié (organisée par Europa Expo au centre d’exposition de la gare TGV internationale de Liège-Guillemins, du 14 décembre 2019 au 30 août 2020) et permet de contextualiser la visite en approfondissant les divers thèmes abordés. Près d’un siècle après la découverte la plus retentissante de l’histoire de l’archéologie, l’exposition vise, à travers une muséologie immersive et un parcours narratif et pédagogique, à raconter et expliquer l’histoire croisée de Howard Carter et du jeune pharaon qu’il a permis d’exhumer de l’oubli. Sont ainsi évoqués le parcours singulier de Howard Carter, son opiniâtre quête de la tombe de Toutankhamon, l’exploitation scientifique de sa découverte, l’Égypte dans laquelle Toutankhamon a grandi, puis régné, la vie quotidienne, les croyances et la production artistique à cette époque mouvementée de l’histoire pharaonique. Les avancées les plus récentes de notre connaissance de l’enfant-roi grâce aux technologies et méthodes d’investigation les plus modernes sont également envisagées, avant de terminer par l’impact que cette incroyable découverte a pu avoir sur l’art, la science archéologique et égyptologique et la vision collective que nous partageons désormais de la civilisation des pharaons. Richement illustré, le catalogue s’articule autour des différents thèmes abordés par l’exposition, mais aussi des choix muséographiques qui ont présidé à la réalisation de celle-ci. Il rassemble plus de 60 essais rédigés par des experts internationaux qui présentent les résultats les plus récents de leurs recherches et offre un regard renouvelé sur une série d’objets bien connus, tout en présentant nombre de pièces encore jamais montrées au public.

  • par Francesco MASSA et Nicole BELAYCHE (éds)

    Les pratiques et les discours philosophiques sous l’empire romain ont été largement inspirés par le langage des cultes à mystères. Depuis la période grecque classique, la pensée philosophique antique a assimilé et réélaboré la terminologie de ces cultes afin d’exprimer l’accès au savoir philosophique, le parcours de la connaissance et l’acquisition d’une « révélation » réservée aux seuls initiés. Au fil des siècles, le langage platonicien, pétri de références aux cultes à mystères, devient le socle commun de la plupart des lettrés, quelle que soit leur appartenance religieuse, païenne ou chrétienne. Dans une approche d’histoire des religions, la réflexion sur les catégories et leurs usages, tant dans les sources que dans l’historiographie, est inséparable de la construction de la discipline elle-même. Quel est dès lors l’impact de l’historiographie dans l’appréciation des rapports entre cultes à mystères et philosophie ? Ensuite, dans quelle mesure les discours et pratiques philosophiques ont-ils été nourris par le lexique mystérique et par les rituels de ces cultes ? Des textes réputés avoir partie liée avec les mystères, mais passablement négligés jusqu’ici, sont scrutés en détail – les fragments de Numénius, les Oracles Chaldaïques et plus généralement les expressions respectives des écoles philosophiques. Inversement, des pratiques rituelles mystériques sont susceptibles de révéler l’influence des réflexions philosophiques. Au fil des études, ce volume interroge la relation entre cultes à mystères et philosophies selon une double perspective, émique et étique, la seule qui puisse fournir des éclaircissements sur ce problème.

    Francesco MASSA est Professeur assistant à l’Université de Fribourg où il dirige un projet de recherche sur « La compétition religieuse dans l’Antiquité tardive », financé par le Fonds National Suisse de la recherche scientifique. Il est notamment l’auteur de Tra la vigna e la croce. Dioniso nei discorsi letterari e figurativi cristiani (II-IV sec.).

    Nicole BELAYCHE est Directeure d’études (Pr.) émérite à l’École Pratique des Hautes Études (Sciences religieuses), PSL Paris. Ses recherches portent principalement sur les cultes païens, leurs rituels, et leurs dynamiques dans l’empire romain oriental – notamment dans des contextes de cohabitations et interactions religieuses. Elle a dirigé avec Francesco Massa un programme de recherche sur les mystères et vient de coéditer Mystery Cults in Visual Representation in Graeco-Roman Antiquity (Brill, 2021).

  • Les enjeux politiques de la traduction par Céline LETAWE, Christine PAGNOULLE, Patricia WILLSON (dirs)

    Égalité de droits, ouverture à la différence – deux exigences trop souvent bafouées dans les relations entre communautés culturelles, mais aussi entre les langues dans lesquelles ces cultures diverses s’enracinent. Mais si parler la langue de l’autre, lorsqu’elle est dominante, peut être « acte d’allégeance et de soumission » (Amin Maalouf), la situation est plus complexe lorsqu’il s’agit de traduction. C’est cette complexité qu’abordent, sous différents angles, dans différents contextes et différentes combinaisons de langues, les dix chapitres de ce volume. Rédigés tantôt en français tantôt en anglais (deux langues dominantes), certains textes développent des considérations théoriques ; d’autres explorent les contraintes institutionnelles ; d’autres encore commentent les astuces dont font preuve traductrices et traducteurs pour retrouver dans la langue cible la présence d’une langue ou d’une variété linguistique minorisée dans leur texte source. Tous « déploient, autant sur le plan théorique que critique, des expériences traductives et des réflexions traductologiques où l’une des langues de travail détient le statut de langue coloniale, impériale ou hégémonique. C’est au sein du rapport de forces instauré par cette coprésence des langues qu’opère la traduction, soit pour masquer le conflit, soit pour, au contraire, le mettre en évidence. » Un livre qui aborde de front le rôle de la traduction dans le rapport de force entre les langues. Dix chapitres qui explorent asymétries institutionnelles, astuces de traductrices et traducteurs pour contrer les inégalités entre les langues, et théories décoloniales pour mieux les affronter.

    Céline LETAWE est docteure en philosophie et lettres et titulaire d’un diplôme d’études spécialisées en traduction. Elle enseigne la traduction à l’Université de Liège depuis 2011 et concentre ses recherches sur la visibilité des traducteurs et la traduction collective.

    Christine PAGNOULLE a enseigné les littératures de langue anglaise et la traduction à l’Université de Liège ; elle est elle-même traductrice, avec une prédilection pour les poèmes. Elle a également publié un grand nombre d’articles et quatre recueils de textes.

    Patricia WILLSON enseigne la traduction à l’Université de Liège. Elle a été professeure à l’Université de Buenos Aires et au Colegio de México. Ses traductions de Flaubert, Barthes, Ricoeur, Shelley, Twain et Kipling ont été publiées en Argentine et en Espagne.

  • Réflexions diverses sur le mot-valise par Richard MARTIN

    Des dictionnaires de mots-valises, il en existe déjà. Le procédé, peu connu par son nom, est exploité dans les domaines les plus divers, pour son humour ou son efficacité. Le présent ouvrage offre en ouverture une série de réflexions sur le concept avant d’en explorer un maximum de possibilités.

    Richard MARTIN est né en 1953 à Liège. Il y a fait de bonnes études secondaires, mais son talon d’Achille était le cours de français, en particulier la rédaction de texte. Obstinément désireux d’affronter ses faiblesses plutôt que d’exploiter ses forces, il a opté, après un bref passage par la philosophie, pour des études de philologie romane, réussies sans embarras. Il a néanmoins passé l’essentiel de sa carrière comme fonctionnaire à la Fédération Wallonie-Bruxelles. À présent retraité, il a à cœur de donner forme et volume à ce qui l’a toujours fasciné : l’écriture. Son humour se complaît parfois dans la noirceur, parfois dans l’absurde et il se réjouit quand il peut marier les deux.

  • Vie et puissance des matières lithiques entre rites et savoirs par Thomas Galoppin et Cécile Guillaume-Pey (dirs)

    Taillées, sculptées, gravées ou brutes, les pierres jouent un rôle notoire dans de nombreuses religions où elles participent à la monumentalisation des lieux de culte, pérennisent l’inscription de textes ou matérialisent divers agents non-humains, qu’il s’agisse de divinités, d’ancêtres ou de héros. Mais au sein d’un large éventail de matières lithiques, qui vont du monolithe à la gemme, il existe des pierres d’exception auxquelles sont attribuées des formes de vitalité, d’intentionnalité ou de pouvoir. Ces roches, qui se distinguent par leurs propriétés sensibles, leur saillance topographique ou par les attentions dont elles font l’objet, se voient accorder des qualités semblables à celles de plantes, d’animaux ou de divinités. Pierres qui respirent, mangent, poussent, parlent ou pleurent, roches qui se déplacent, fécondent, soignent et parfois même se révoltent et scellent des serments, sont autant de protagonistes qui défient nos catégories. Que peuvent les pierres ? D’où vient leur puissance et comment se manifeste-t-elle ? Peut-on dire que des roches sont « vivantes » ? Est-ce le rituel qui permet de les animer et de leur conférer une capacité d’action hors du commun ou y-a-t-il des contextes dans lesquels des pierres présentent une vitalité et une force intrinsèques ? Et dans ce cas, comment les qualités de ces roches singulières sont-elles exploitées par les rites ? De quelles images, signes graphiques ou substances les recouvre-t-on afin de renforcer leur efficacité ? Enfin, quels corpus de savoirs construisent leurs pouvoirs et participent à leur transmission ? Une mine de questions ouvre un dialogue entre anthropologues et historiens autour des liens que les humains tissent avec des roches singulières. C’est en mettant en relation les qualités matérielles des pierres et leur ancrage spatial, les gestes, les pratiques et les discours dans lesquels elles sont prises, que les contributions de cet ouvrage explorent les modes d’action et d’animation de roches d’exception dans des aires culturelles, des périodes historiques et des contextes religieux variés.

    Cécile GUILLAUME-PEY est anthropologue, chargée de recherche au CNRS et affiliée au Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS, UMR 8564). Ses recherches portent sur les pratiques rituelles et esthétiques ainsi que sur les modes d’appropriation de l’écrit dans des groupes tribaux de l’Inde.

    Thomas GALOPPIN est historien, postdoctorant à l’université Toulouse – Jean Jaurès au sein du projet ERC MAP (Mapping Ancient Polytheisms), affilié au laboratoire PLH (Patrimoine, Littérature, Histoire). Ses travaux portent sur les rituels et les relations que les humains tissent avec et entre dieux, animaux et pierres dans le cadre des religions de l’Antiquité.

  • entre excellence scientifique et pertinence sociétale par Nathan CHARLIER

    Au cours des quarante dernières années, les politiques scientifiques ont fortement évolué partout dans le monde, notamment pour faire contribuer plus directement la recherche à l’innovation et à la croissance économique. En conséquence, la recherche est devenue un objet qu’il faut évaluer, comparer, orienter, bref, gouverner de manière stratégique. Dans cette nouvelle configuration, entre excellence scientifique et pertinence sociétale, les outils de financement orientent les agendas de recherche, les universités s’ouvrent à de nouvelles interactions avec l’industrie et les chercheurs disposent de moins en moins d’autonomie. Ils doivent rendre des comptes et leurs performances font l’objet d’indicateurs et d’évaluations régulières. Or, dans une temporalité similaire, Flandre et Wallonie ont pris des trajectoires politiques et institutionnelles distinctes suite au processus de réforme de l’État belge, donnant lieu à des transformations différentes de leurs politiques de recherche. Cet ouvrage est le premier à explorer cette double dynamique de transformation de manière comparée en Flandre et en Wallonie. Au travers d’études de cas approfondies, il s’attache à décrire les pratiques, analyser les discours et interpréter les choix de ceux qui organisent, subsidient, évaluent, orientent et donnent un cadre d’action aux universités et aux chercheurs. Les différents chapitres explorent tour à tour deux espaces de concertation (le Conseil wallon de la politique scientifique et le Vlaamse Raad voor Wetenschap en Innovatie), deux universités (l’ULiège et l’UGent) et deux centres de recherche universitaires dans le domaine des biotechnologies (le GIGA et le VIB). L’ouvrage donne des outils pour comprendre comment la recherche se transforme, à la croisée d’évolutionsglobales et de choix politiques régionaux. La Flandre, marquée par une ambition de compétition internationale, met d’abord en avant la performance et la productivité des scientifiques, tandis que la Wallonie demande surtout à ses chercheurs de contribuer au redéploiement industriel de la région. Cet ouvrage met en lumière les effets et les tensions résultant de ces orientations.

    Nathan CHARLIER est docteur en Sciences politiques et sociales et chercheur au Département des Sciences de la Santé publique (ULiège). Ses recherches en sociologie de l’action publique portent sur des objets divers où se jouent des interactions entre savoirs et pouvoirs.

  • On Mechanically-Enhanced Reading par Anne-Sophie BORIES Gérald PURNELLE Hugues MARCHAL (eds)

    Scholars today are experimenting with a vast array of reading devices in order to explore texts anew, often blending, both on the technical and on the hermeneutical axes, traditional approaches and innovative computing tools, that collect textual features and detect trends not visible to a human eye as they exceed the span of our focus. Our understanding of poetry is not left untouched by the revolution that computational analysis is bringing to the humanities. Because of its intrinsic link to verse, poetry has been a very early object of statistical studies. Any careful examination of metres, rhymes, or caesuras is bound to generate large datasets, calling for the borrowing of methods from the exact sciences. Indeed, attempts at a mathematical evaluation of poetic styles largely predate the use of computers, and the methodological turn towards the use of new technologies has been generally well-received within the academic community. Still, is the mechanically enhanced, “nonhuman” reading of poems fruitful, or even legitimate? Must the literary scholar, whose object is a fundamentally “human” material, meet the burden of proof and possibly cast away intuitions? Conversely, can calculations account for the subtlety of our poetic experience? Is poeticity, in other words, to be found in the measurable sum of artfully assembled processes, or does it escape all normalisation efforts? Stemming from the group Plotting Poetry, a community of scholars of different language areas, working on different time periods and poetical genres, who have come together to share their findings and methods, this volume presents a rich sample of research endeavours in the field. It illustrates how a mechanically-enhanced reading can be put to the test, serve to pursue traditional hermeneutical questions, challenge certain assumptions about forms, reveal unsuspected thematic patterns, feed the approach of the literary historian, or open up new, unthought-of paths for our questionings. It is aimed both at specialists of either poetry or digital humanities, and at a broader readership curious to learn about computational approaches to poetry studies.

    Anne-Sophie BORIES is a group leader in French literature at the University of Basel and founder of the group Plotting Poetry.

    Gérald PURNELLE is professor at the University of Liège, where he teaches French-language poetry, applied statistics, metrics and the history of poetic forms.

    Hugues MARCHAL is professor of modern French and general literature at the University of Basel and honorary member of the Institut universitaire de France.

  • Dragon Ball

    25,50
    une histoire française par Bounthavy SUVILAY

    Dragon Ball n’est pas qu’un manga créé par Akira ­Toriyama en 1984. L’univers de fiction s’étend sur une multitude de supports et il se déploie aujourd’hui encore à travers diverses continuations et séries dérivées. La diffusion de son adaptation animée à la télé­vision est même à l’origine du développement des mangas traduits en France. Les productions contem­poraines prennent d’ailleurs en compte l’importance graduelle des publics occidentaux à mesure que le marché intérieur japonais décline.

    Lors des circulations de produits culturels, les acteurs des sociétés locales occupent une position de récep­teurs premiers. Ils interprètent l’œuvre selon le para­digme de lecture de leur pays et ils n’ont pas toujours accès à l’histoire des genres dans laquelle s’inscrit l’objet source. Leurs préconceptions déterminent la manière dont celui-ci est traduit et remodelé. Plu­sieurs stratégies se sont succédées afin d’adapter les objets culturels étrangers aux conventions hexa­gonales. Elles correspondent à des réceptions diver­gentes, chacune produisant des écarts esthétiques qui font émerger un nouveau cadre de compréhen­sion. Ces modifications manifestent les successions d’horizons d’attente de ce premier public (nouvelle traduction, réédition). En retour, ces objets culturels transformés ont modifié à la fois cet environnement cible et l’écosystème source. Les adaptations occiden­tales circulent vers l’Asie et changent à leur tour les conventions de production et de réception.

    Prenant appui sur les productions liées à Dragon Ball, cette étude montre comment les adaptations et les circulations internationales modifient les objets culturels. En ce sens, l’objet matériel témoigne de la concrétisation d’un cadre de compréhension. Il est un dispositif rendant visible l’articulation entre production, diffusion et réception. Il concrétise un dialogue où les différents publics renégocient le réfé­rent et les manières de l’appréhender. L’histoire des réceptions permet ainsi de saisir les processus his­toriques ayant conduit à ces transformations culturelles.

    Agrégée de Lettres modernes, Bounthavy Suvilay est docteur en Littérature. Ses recherches portent sur les transformations liées aux adaptations des récits de fiction dans différents médias et leurs impacts sur les réceptions divergentes des œuvres selon les pays. Spécialiste du jeu vidéo, elle a également publié Indie Games – Histoire, artwork, sound design des jeux vidéo indépendants (Paris, Bragelonne, 2018).

  • par Elena GIANNOZZI

    En dépit des nombreuses occurrences de l’expression vir bonus dans les sources juridiques romaines, l’homme de bien n’avait pas fait l’objet jusqu’à présent d’une monographie ayant comme objectif d’étudier cette notion dans son intégralité. Le présent ouvrage a l’ambition de combler cette lacune. À cette fin, un travail de recensement et d’exégèse sur l’ensemble des sources juridiques a été effectué, ainsi qu’une analyse des sources littéraires, notamment de l’époque républicaine. À partir de ces textes, il apparaît que le vir bonus est un homme qui respecte le droit et jouit d’une bonne réputation. Souvent une nuance sociale, quoiqu’implicite, est perceptible. Le vir bonus doit également être replacé dans le phénomène plus vaste de l’arbitrage romain. Il est possible d’avoir recours au jugement de l’homme de bien pour déterminer un aspect lacunaire d’un acte juridique. Le rôle du vir bonus n’est donc pas contentieux. Les parties ont recours à l’homme de bien pour qu’il apprécie un élément nécessaire à la formation du contrat, comme le prix dans une vente. Dans certains cas, la référence à l’homme de bien ne renvoie pas à une personne concrète, mais il s’agit d’un critère herméneutique. Son inclusion dans les actes juridiques ne se résout pourtant pas à une simple clause de style. Par la référence à l’homme de bien, le préteur et la jurisprudence parviennent à augmenter les pouvoirs du juge. La référence à l’homme de bien devient dès lors un pur critère herméneutique qui est employé par le préteur ou les jurisconsultes pour interpréter ou parachever un acte juridique.

    Docteur de l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, Elena GIANNOZZI est professeur d’histoire du droit à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Ses recherches portent sur le droit privé romain et byzantin.

  • par Jacques FONTANILLE

    Cet ouvrage est le résultat et la synthèse d’une recherche portant sur ce que la sémiotique structurale appelle « l’actant collectif ». L’anthropologie contemporaine nous rappelle que la signification des mondes que nous habitons passe par des filtres collectifs, des schèmes et des référentiels qui sont constitués et portés par des actants collectifs. Dans cette perspective, l’actant collectif n’est pas un cas particulier, voire marginal, de l’actant en général, mais, au contraire, la source des référentiels sémiotiques et l’instigateur des mondes de sens.

    Dès lors, quel que soit le nom que l’on donne à ce collectif (communauté d’identification, acteur-réseau, peuple, etc.), il ne suffit plus de poser par principe qu’il peut comprendre à la fois des humains, des objets, des institutions, des machines, des non-humains, etc. : il faut examiner comment et pourquoi ces divers constituants s’agencent, et leur réseau se consolide, s’affaiblit, se restaure, persiste à exister ou s’effondre. C’est l’objet de cet ouvrage, qui s’attache aux variations de la composition et des forces de liaisons des collectifs, à leurs mutations et à leur existence risquée et vulnérable. Dans cette perspective, l’actant collectif, engagé tout ensemble dans ses propres métamorphoses, est le siège même, pour la sémiotique, du politique.

    La sémiotique décrit depuis longtemps les discours et les pratiques politiques, mais cela ne constitue pas pour autant une dimension politique de l’organon théorique de la sémiotique structurale. L’objectif de cet ouvrage est précisément d’intégrer la dimension politique dans l’architecture théorique et méthodologique de la sémiotique, et le point d’ancrage de cette dimension est l’organisation et le devenir des collectifs, notamment celui dit « de référence », qui par les filtres sémantiques et culturels dont il est porteur, suscite des formes spécifiques de la vérité, de la subjectivité, de la narrativité, de l’affectivité et du symbolisme, en somme de l’ensemble des composants sémiotiques d’un monde habitable.

    Jacques Fontanille, professeur émérite de sémiotique à l’Université de Limoges, est membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Il a été président de l’AISV, de l’AFS, et de la FéDRoS, ainsi que de l’Université de Limoges. Ses travaux portent sur la sémiotique théorique, la sémiotique littéraire et de la sémiotique visuelle, la rhétorique et la linguistique générale, et plus récemment sur les aspects sémiotiques de l’ethnologie et de l’anthropologie contemporaines.

  • Un nouveau fantastique ? par Bacary SARR

    On a coutume, lorsqu’il est question de littérature fantastique en Belgique francophone, d’avoir aussitôt à l’esprit les noms de Jean Ray, de Thomas Owen, de Franz Hellens, de Marcel Thiry, de Gaston Compère ou de Michel de Ghelderode. Tous ces écrivains ont, en effet, exploré le domaine, au point de faire considérer le fantastique comme un des traits spécifiques de la littérature belge. Des peintres comme Paul Delvaux et René Magritte, pour ne citer que les plus connus, ont, eux aussi, mais selon d’autres voies, donné à voir une forme de fantastique : leur « réalisme magique » éclaire ainsi le réel de façon éminemment poétique et transfigure le quotidien. Dans les années de crise d’identité des lettres belges d’après-guerre, un certain nombre de fictions romanesques semblent encore avoir développé d’autres modalités du fantastique, entendu, cette fois, comme la modification insoupçonnée de la réalité banale. Dans ces écrits, les protagonistes ne sont pas traversés par un souffle magique, mais leur subjectivité est très particulière, puisque le monde ne prend sens qu’à travers une perception singulière qui défait inlassablement les illusions du réel. Un profond sentiment d’exil intérieur s’écrit alors dans l’expérience de l’étrangeté au monde et à soi. Au coeur de la conscience des personnages se lit la difficulté d’un enracinement, lié sans doute au malaise culturel de ce moment de bascule où les auteurs belges veulent s’assumer comme périphériques par rapport aux instances parisiennes. Périphériques, mais dotés d’une spécificité brandie comme un étendard : la belgitude. Dans les marges et, dans le même temps, dans un espace littéraire qu’ils voudraient autonome. Le présent essai interroge comment Pierre Mertens, Dominique Rolin, Guy Vaes, Jean Muno et Jacqueline Harpman ont, dans des textes plus énigmatiques qu’on ne le pensait, des textes marqués par la blessure identitaire, inventé des mondes d’une inquiétante étrangeté qui semblent se situer à la lisière du fantastique.

    Bacary SARR est enseignant-chercheur en littérature comparée/francophonie. Il est le directeur des études de l’Institut supérieur des Arts et des Cultures de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est spécialiste des littératures francophones et auteur de nombreux articles dans ce domaine.

  • (2e édition) par Lucien FRANÇOIS Préface de Nicolas Thirion

    Le problème de la définition du droit, publié pour la première fois en 1978, constitue le premier ouvrage dans lequel Lucien François présente de manière systématique ses idées en matière de théorie du droit. Il s’attache plus particulièrement au problème central de la définition du droit et à son cortège d’interrogations relevant aussi bien de l’épistémologie que de la philosophie politique et juridique. Qu’est-ce que définir ? En quoi cette activité contribue-t-elle à améliorer la connaissance ? À quelles conditions la théorie du droit peut-elle prétendre à la scientificité ? Quelles spécificités distingueraient le phénomène juridique d’autres phénomènes de contrôle social ? Le droit est-il nécessairement rattaché à certaines valeurs morales ou, à l’inverse, est-il réductible à un simple rapport de pouvoir ? Suivant une méthode analytique rigoureuse, Lucien François propose une définition originale de la norme juridique, qui tranche par sa position juspositiviste radicale. La norme juridique, en tant que particule élémentaire du phénomène juridique, consiste selon lui en un voeu impératif assorti d’une pression, si besoin est, par menace de sanction. Sur cette base, l’auteur rend compte de phénomènes juridiques de plus en plus complexes, jusqu’à la notion d’État, en y englobant des ordres sociaux apparemment étrangers au droit dans l’opinion commune, tels que la famille, l’entreprise, l’organisation criminelle et même la simple relation qui unit un brigand au passant qu’il dévalise. Servi par un style classique teinté d’ironie, Le problème de la définition du droit mérite d’accéder au rang de classique de la théorie du droit.

    Lucien FRANÇOIS est professeur émérite à l’université de Liège où il a enseigné la philosophie du droit et le droit du travail. Il a en outre été chef de cabinet du ministre de la justice Jean Gol (de 1981 à 1985), conseiller d’État (de 1985 à 1989) et juge à la Cour constitutionnelle de Belgique (de 1989 à 2004).

     
  • par Grégory CORMANN (éd.)

    Préambule

    I. Lectures féministes De Beauvoir et de Sartre

    Esther Demoulin, Se réécrire via un tiers. Gide, Beauvoir et Sartre sur la question du sadomasochisme

    Michel Kail, La puissance politique de l’anti-naturalisme de Beauvoir et Sartre

    Clémence Mercier, Par-delà les frontières du corps : la phénoménologie sartrienne, un héritage possible pour le féminisme matérialiste ?

    Grégory Cormann, « Simone de Beauvoir étonnamment » Françoise Collin, Simone de Beauvoir et la transmission diachronique du féminisme

    Clizia Calderoni, « Le bonheur dans lequel je me débattais » : de Sartre, de l’amour et du féminisme dans La Force de l’âge

    Andrea Cavazzini, La jouissance de la pensée. Sur Geneviève Fraisse, Le Privilège de Simone de Beauvoir

    II. Bibliographie

    III. Informations

    Colloque du GES

    Manuscrits et archives

    Activités sartriennes

    Nécrologie

    Théâtre

    Actualité de Sartre, médias et divers

    IV. Comptes rendus et recensions critiques

  • Des marges bédéphiliques au centre économique en passant par une quête du capital symbolique par Chris REYNS-CHIKUMA (éd.)

    Suivant le mythe romantique du créateur isolé, la bande dessinée est le plus souvent présentée et étudiée à travers ses auteur·e·s (dessinateurs ou scénaristes) ou leurs oeuvres. Et pourtant l’éditeur joue aussi un rôle capital dans la création. Il existe quelques études universitaires récentes sur les grandes maisons d’édition. Il en manquait une sur le dernier éditeur indépendant : la maison Glénat. Après quatre ans de fan-édition, Jacques Glénat crée sa S.A.R.L. en 1974 pour laquelle il reçoit un prix au festival d’Angoulême la même année. Bien installé à Grenoble, loin des grandes maisons ancrées à Paris, et avec une équipe éclectique (de Filippini à Groensteen), il crée ensuite une brochette de revues qui ont marqué l’histoire de la bande dessinée (Les Cahiers de la bande dessinée, Circus, Vécu) tout en publiant une cascade de succès commerciaux (Les Passagers du vent, Les 7 vies de l’épervier…) en participant entre autres à l’enthousiasme pour l’histoire des années 1980 et en créant de nombreuses séries qui continuent jusqu’à aujourd’hui (« Les grandes batailles navales »). Entre-temps, il peaufine ce qui est devenu l’une des caractéristiques essentielles de la BD franco-belge, l’album 48cc. Il est aussi l’un des premiers à s’intéresser activement au manga et publie, d’abord non sans erreurs, des bestsellers (Akira, Dragon Ball,Bleach). Finalement, dans un marché qui est devenu très compétitif, il relance sa machine éditoriale avec le phénomène Titeuf. Mais cette histoire d’un self-made man cache des conflits internes et externes forts entre succès commercial et reconnaissance symbolique. C’est ce que ces sept chapitres dévoilent de manière magistrale et dynamique, du jeune Glénat-Guttin, fan ayant créé sa première revue, Schtroumpf, à l’éditeur qui a pignon sur rue dans le quartier du Marais avec une galerie d’art, en passant par la restauration majestueuse du couvent Sainte-Cécile à Grenoble transformé en siège social et en musée où sont mises en scène des expositions prestigieuses (Rembrandt).

    Chris REYNS-CHIKUMA est professeur à l’université de l’Alberta (Canada) où il enseigne les cultures francophones en français, et les comics et la littérature comparée en anglais ; il y fait aussi de la recherche sur la BD, et depuis cinq ans de plus en plus concentrée sur le monde canadien des BD/comics.

  • Définition, Transmission, Réception Play and Games in Classical Antiquity: Definition, Transmission, Reception par Véronique Dasen, Marco Vespa (éds)

    The European Research Council project (Locus Ludi. The Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity (ERC AdG # 741520) investigates how play and games provide a privileged access to past societal norms, values, identities, and collective imaginary. People play all over the world and throughout history, but they do not play the same games, nor do they attribute the same meaning and function to play. This pluridisciplinary volume investigates how such an important part of ancient cultures can be methodologically reconstructed. A first series of chapters based on Greek and Roman texts and vocabulary propose an emic definition of play and games. Beyond the common association of child and play (in Greek, paidia, 'play', pais, ‘child’, and paideia, ‘education’, share the same root, in Latin ludus means ‘play’, ‘school’, and ‘rethorical games’), ancient views are more complex and nuanced. The boundaries between sport, dance, rites and play are fluid and differ from our modern view. Case studies show how playful practices can be defined in material culture and iconographic representations. The second part of the volume focuses on Greek and Roman ludic heritage in ancient literature with particular attention to the cultural and discursive codes according to literary genre (oniromancy, proverbs, children’s rhymes, lexicography...). Close studies assess the transmission of a predominantly oral heritage in collections, lexicons and commentaries ranging from the Roman imperial period to Byzantine times (proverbs, riddles, and children’s lore). New insights are provided on crucial issues about cultural continuities and discontinuities, as well as the definition of so-called "traditional" games.

    Véronique DASEN is professor of Classical archaeology at the University of Fribourg (CH), and specialised in ancient cultural anthropology and archaeology. She published extensively on the history of the body, childhood and gender, as well as on ancient medicine, magic, and play. She is the Principal Investigator of the ERC project Locus ludi.

    Marco VESPA is a classical philologist and member of the ERC project Locus ludi at the University of Fribourg (CH). His research interests include the Second Sophistic, ancient Greek comic theatre, and the anthropological study of ancient Greek scientific texts. He has published extensively on Greek and Roman zoology and cultural representation of animals.

  • édité par Jean-Louis DUMORTIER

    Honte : peine de se sentir inférieur, indigne, insignifiant. Aux yeux d'autrui, ou à ses propres yeux – mais ne sont-ils pas le truchement du regard des autres ? Peine aussi de prendre conscience de l’infériorité, de l’indignité, de l’insignifiance des personnes que l’on aime. J’ai honte de moi, qui ne puis franchir la barre à la hauteur où elle est placée. À la hauteur où, souvent, je l’ai placée moi-même – mais est-ce bien moi qui ai conçu l’idéal auquel je ne puis atteindre ? J’ai honte de toi aussi, que je voudrais plus digne de mon amour : moins mesquin, moins résigné, moins humilié. Tu me fais honte, ils me font honte (quand ce qu’ils font eux-mêmes est parfois plus honteux), je me fais honte surtout. À cause de mes larcins d’enfants, de mes trahisons d’adulte, de mes fuites en avant, dans l’alcool et la hâblerie, dans l’agitation et l’affabulation…

    Et comment surmonter l’épreuve ? Comment échapper au pénible sentiment de petitesse ? Comment exister à taille respectable si l’on ne choisit pas de tirer son épingle du jeu, en allant voir ailleurs si le juge n’est pas moins sévère, ou en se rayant soi-même de la liste des condamnés à honte ? Il y a le mépris – l’illusion de valoir mieux que ceux qui vous dédaignent –, il y a l’aveu d’indignité en espoir d’indulgence, il y a le rabotage du moi idéal, il y a l’oubli de sa honte dans la sauvegarde des honteux, il y a le crime et la chance paradoxale d’échapper aux jugements insupportables en choisissant soi-même la faute dérisoire pour laquelle on sera châtié. Il y a… bien d’autres issues sans doute que celles illustrées dans les romans ici étudiés.

    La honte est une clé de voûte de l’œuvre de Simenon, dont les contributions à ce volume éclairent bien des facettes, toutes laissant transpirer cette idée, qu’à la honte du vécu personnel, l’écriture pourrait bien être un remède.

  • Gestes, formes, sens

    Par Valeria DE LUCA

    Est-il possible de « sémiotiser » la danse ? En quoi consisterait cette opération de la pensée ? Quelle serait la contribution que la sémiotique peut apporter aux savoirs chorégraphiques ? Cet ouvrage vise à répondre à ces questions à partir du cas d'une danse sociale, le tango argentin.

    Le caractère sémiotique de la danse, à savoir sa capacité de produire et de stabiliser des configurations de sens spécifiques, s’est avéré problématique dans la tradition structurale aussi bien du point de vue théorique que méthodologique. Pourtant, en dépit de la qualité éphémère du geste dansant, la variété et les attestations de ses manifestations sémiotiques ne font nul doute. Le tango argentin est dans ce sens emblématique, car il se déploie sur plusieurs niveaux d’appréhension sémiotique: le corps dansant, des pratiques sociales, des institutions, des imaginaires culturels et identitaires.

    Dans cette perspective, l’ouvrage analyse le tango argentin à partir de la constitution de l’acte de danse en ceci qu’il est indissociable de la pratique du bal. Ainsi, il propose une approche sémiogénétique du tango, qui tient compte de ses multiples niveaux de manifestation et de leur dynamique. Du point de vue méthodologique, l’imbrication des traditions post-structurales et morphogénétiques permet de concevoir un modèle plus général du geste dansant qui puisse s’appliquer à d’autres danses à vocation « pratique ». C’est ainsi qu’il faut comprendre la suite gestes, formes, sens: une trajectoire qui décrit la sémiose de ses phases de germination à sa stabilisation et sa transmission culturelle.

    L’ouvrage est accompagné d’une annexe iconographique du fonds « Carlos Vega », ethnomusicologue argentin et pionnier d’une approche analytique du tango argentin basée sur la notion de « forme chorégraphique ». Les images issues de ce fonds sont inédites dans l’espace francophone européen.

    Valeria De Luca est Maître de conférences en sciences du langage et sémiotique à l'Université de Limoges. Ses recherches portent sur les concepts de forme et de geste, et sur la dimension figurale de la signification, ainsi que sur des sujets à la frontière entre sémiotique, esthétique et écologie, telles que l’ambiance, la matérialité et la performance.

  • nouveaux sites, nouvelles données, nouvelles lectures / Gravettian societies in North-western Europe: new sites, new data, new readings Actes du colloque international « Le Nord-Ouest européen au Gravettien : apports des travaux récents à la compréhension des sociétés et de leurs environnements » (Université de Liège, 12-13 avril 2018) Olivier Touzé, Nejma Goutas, Hélène Salomon, Pierre Noiret (dirs)

    Cet ouvrage fait suite au colloque intitulé Le Nord-Ouest européen au Gravettien : apports des travaux récents à la compréhension des sociétés et de leurs environnements, organisé à l’Université de Liège en 2018. Ce colloque avait pour objectif de dresser le bilan des données accumulées au cours des vingt dernières années sur les communautés de chasseurs-collecteurs gravettiennes qui, au cœur du dernier Pléniglaciaire, ont occupé l’Europe nord-occidentale et ses marges méridionales (Bourgogne-Franche-Comté, nord de l’Aquitaine).

    À cette fin, différents acteurs de la recherche se sont retrouvés pour informer et débattre des sites récemment découverts, des fouilles en cours et des analyses menées sur d’« anciennes » collections. Ces différents travaux renouvellent en profondeur notre perception des populations gravettiennes du Nord-Ouest européen, historiquement méconnues du fait d’une documentation qui est longtemps restée disparate et très inégale sur le plan qualitatif. Les vestiges laissés par ces populations sont ainsi replacés progressivement au sein des grands débats qui animent les recherches actuelles sur ce qu’il est d’usage d’appeler le « Gravettien ».

    La première partie de l’ouvrage restitue la diversité des comportements techno-économiques et « symboliques » des groupes gravettiens nord-occidentaux telle que celle-ci peut être appréhendée à l’heure actuelle. Y sont abordées les questions d’acquisition, de circulation et d’exploitation des matières premières d’origine animale (fossiles et nonfossiles) et minérales, mais aussi certaines structures rarement documentées dans ce contexte d’étude (aires de combustion).

    La deuxième partie dresse un état des lieux des fouilles en cours ou récemment achevées de plusieurs gisements au sein de l’aire géographique considérée. Ces gisements livrent quantité d’informations nouvelles et se trouvent naturellement en première ligne de la dynamique de recherche actuelle.

    Enfin, la troisième partie présente différents points de vue sur le Gravettien. Civilisation paneuropéenne, culture mosaïque mêlant traits communs et spécificités régionales… ou simple étiquette réificatrice ? Le débat reste ouvert au sujet de la principale entité du Paléolithique supérieur européen.
  • Anathomia

    13,00
    Mondino De' Liuzzi
    Traduit et commenté par Willy Burguet L'Anathomia rédigé en 1316 à Bologne par Mondino de’ Liuzzi est le premier traité d’anatomie qui ait pour base la dissection du cadavre humain. Il est souvent cité, mais rarement lu, en tout cas dans sa version latine originale. Il s’agit pourtant d’un texte fondamental de l’histoire de la médecine parce qu’il fait la synthèse de ce que l’on connaissait de l’anatomie à la fin du Moyen Âge et qu’il a souvent été utilisé dans l’enseignement de la médecine. Le texte a été traduit dès 1493 en langue italienne vulgaire, plus accessible au public, et imprimé à Venise dans le premier ouvrage médical illustré de l’histoire de la médecine, le Fasciculo di medicina. Nous en proposons la traduction commentée en langue française, traduction que nous avons illustrée par les premières planches significatives d’anatomie humaine dessinées à Paris en 1345 par Guido da Vigevano, un élève de Mondino, ingénieur militaire et médecin de la reine Jeanne de Bourgogne. Les traités de Mondino et de son élève ne révèlent pas seulement ce que l’on connaissait de l’anatomie humaine au XIVe siècle, mais décrivent aussi différentes maladies et d’étonnantes méthodes thérapeutiques. Ils démontrent en tous cas que les enseignants disposaient déjà à l’époque de données scientifiques significatives, certes incomplètes, mais annonciatrices des découvertes d’André Vésale et de ses successeurs à la Renaissance. Willy Burguet est né en 1940 à Dison. Ex interniste et spécialiste en médecine nucléaire au CHU de Liège, il est membre de la Société Dante Alighieri et a fréquenté les Universités pour Étrangers de Sienne et de Pérouse. Élève de la faculté de Philosophie et Lettres de l’université de Liège, il a participé à diverses initiatives du service de langue et littérature italienne moderne et contemporaine. Diplômé en Histoire de la médecine de la faculté de médecine de Paris Descartes, il a publié en 2018 chez Nerosubianco Da Trotula a Vesalio. Itinerari della medicina in Italia et en 2019 aux Presses Universitaires de Liège Francesco Sansovino : L’édifice du corps humain. (Venise 1550). Traduction, introduction et notes par Willy Burguet.
  • Depuis près de trente ans, l’œuvre du poète François Jacqmin, décédé en 1992, ne cesse de voir grandir la place qu’elle avait déjà acquise de son vivant. Abondante (de très nombreux inédits existent à côté des recueils publiés), elle est doublement intemporelle et actuelle : dans une écriture qui, ne devant presque rien aux époques qu’elle a traversées, n’est pas datée, le poème de Jacqmin reste pertinent pour notre temps, comme il le fut durant son parcours de poète.

    Ces cahiers qui lui sont consacrés sont animés d’un double esprit : le respect du poète François Jacqmin et de son œuvre, le souci de les servir et de les faire mieux connaître.

    Ils seront le lieu de prépublications d’ensembles de poèmes inédits, de proses, de textes sur l’art et les artistes. Ils accueilleront à l’occasion des études sur l’œuvre, des témoignages, des documents (des correspondances), de l’iconographie. Ils ambitionnent d’enrichir l’expérience de lecteurs, toujours plus nombreux, d’un œuvre hors du commun.

    Sommaire Éditorial Sabrina Parent, La poésie de François Jacqmin à la lumière de l’événement François Jacqmin, Aphorismes Gérald Purnelle, Voyager léger : François Jacqmin et l’aphorisme François Jacqmin, L’Interrogatoire
  • dans la littérature française contemporaine Sous la direction de Justine HUPPE, Jean-Pierre BERTRAND (†), Frédéric CLAISSE

    Autrices et auteurs contemporains ne se reconnaissent plus guère dans les postures manifestaires des avant-gardes ni dans le modèle de l’engagement sartrien. Beaucoup continuent pourtant à parler du monde social, selon des modalités moins « engagées » qu’« impliquées ». Au vocabulaire de la critique et de la politique se serait substitué celui de l’éthique et du social, le texte qui dénonce et attaque à partir d’une position de surplomb ayant fait place à un régime critique plus ouvert, avec gestualités immersives, émotionnelles, individuelles, etc.

    Contre ce modèle et ce vocabulaire, les études rassemblées ici se concentrent sur la critique sociale telle qu’elle se perpétue et se ressource en littérature. Elles s’intéressent aux dialogues entre concepts critiques et production littéraire : théories du contrôle dans l’œuvre d’Alain Damasio, pensée queer chez Édouard Louis, enquête et épistémologie des savoirs situés dans le travail d’Annie Ernaux. Elles s’intéressent d’autre part aux médiations spécifiques de cette portée critique :œuvres (Nathalie Quintane, Arno Bertina, Antoine Volodine, Éric Arlix), éditeurs (P.O.L, Questions théoriques), outils et supports (des bandes magnétiques utilisées par Bernard Heidsieck au vocodeur employé dans le rap), protocoles d’écriture (manifeste, recherche-création), méthodes d’enseignement et pratiques d’évaluation.

    Avec des textes de Benoît Auclerc, Jean-Pierre Bertrand, Frédéric Claisse, Sonya Florey & Judith Émery-Bruneau, Jean-Marie Gleize, Christophe Hanna & Nancy Murzilli, Justine Huppe, Julien Lefort-Favreau, Siân Lucca, Jean-Charles Massera, Magali Nachtergael, Pierre Schoentjes, Sylvie Servoise, David Vrydaghs et Marie-Jeanne Zenetti.

    Justine HUPPE, Jean-Pierre BERTRAND et Frédéric CLAISSE mènent depuis 2015 à l’université de Liège des recherches sur les pouvoirs d’action de et dans la littérature du XXIe siècle. Ils ont dirigé dans cette perspective La Fiction contemporaine face à ses pouvoirs (COnTEXTES, no 22, 2019), Radicalités : contestations et expérimentations littéraires (Fixxion, no 20, 2020) et le colloque « It’s Too Late to Say Critique? » (2019) dont est issu en partie le présent volume.

  • Essai de grammaire systémique du jeu vidéo Par Mathieu GOUX

    Cet ouvrage propose une analyse du jeu vidéo s’inspirant de la grammaire des langues naturelles humaines. En considérant l’interaction comme au cœur du langage vidéoludique, cette étude introduit et explore une nouvelle unité fondamentale de signification, l’interactème, définie comme la plus petite unité d’interaction accessible dans un jeu donné. Il se distingue du ludème ou de la brique de gameplay par une série de propriétés formelles, qui fondent sa spécificité et son originalité au regard du domaine général du jeu, et permet une approche nouvelle du média prenant en compte sa riche histoire et ses nombreuses variations, génériques, intellectuelles et ludiques. L’ouvrage définit et illustre les dimensions de cette unité, et explore ses relations avec les éléments propres au jeu vidéo (la difficulté, le rythme et les récompenses) et avec ceux liés plus largement à sa dimension médiatique (musique, narration, level-design et philosophie) dans une perspective à la croisée de la linguistique structurale et de la sémiotique.

    Cet essai de grammaire systémique du jeu vidéo entend créer une passerelle entre différentes disciplines scientifiques et faire dialoguer entre elles les sciences du langage et les game ou play studies. Il s’agit notamment de s’inspirer des acquis de la linguistique moderne afin de proposer un nouveau cadre d’analyse du jeu vidéo, susceptible de s’appliquer à l’ensemble de ses manifestations indépendamment de leur origine, de leur âge, de leur genre, de leur propos ou de leurs dispositifs de contrôle.

    Mathieu GOUX est docteur en langue et littérature françaises et chercheur post-doctoral à l’Université de Caen. Ses travaux portent principalement sur l’histoire de la langue française et notamment sur ses évolutions syntaxiques et textuelles à l’époque classique. En parallèle de ces travaux, il a élaboré une théorie grammaticale appliquée au jeu vidéo, qu’il développe dans des articles scientifiques, des interventions en colloque et des émissions de radio en ligne (podcasts).

     
  • Perspectives culturelles Sous la direction de Ella MINGAZOVA, Bruno DUPONT et Carole GUESSE

    Le terme « obsolescence programmée » se réfère, dans le domaine économique, à un ensemble de procédés qui visent à réduire la durée de vie d’un produit afin d’encourager son remplacement. Cette pratique a des effets bien concrets tels que des téléphones de plus en plus rapidement inopérants, des imprimantes qui bloquent après un certain nombre de copies, des collants qui filent en un rien de temps.

    La limitation artificielle imposée au cycle de vie des biens affecte donc notre quotidien de manière très directe. Il est dès lors grand temps que les sciences humaines se saisissent de ce phénomène. C’est à cette tâche que s’attellent les auteurs et autrices des dix chapitres qui composent le présent ouvrage.

    Depuis le début des années 2000, l’obsolescence programmée, initialement circonscrite au domaine de la conception et de la vente des biens, a suscité l’attention des pouvoirs publics et d’associations qui ont cherché à protéger les consommateurs des surcoûts induits par cette pratique commerciale. Elle a aussi suscité l’intérêt de la recherche, qui jusque-là s’est surtout penchée sur ses causes, ses modalités et ses effets économiques et écologiques.

    Cet ouvrage examine l’obsolescence programmée en tant qu’idée et à partir du discours qui l’entoure, dont il retrace les origines et les présupposés. Les auteurs et autrices analysent par ailleurs les conséquences de cette pratique pour l’étude des médias et des objets techniques. Enfin, ils et elles pensent l’obsolescence en tant qu’outil théorique, particulièrement dans le domaine des études littéraires.

    Pour développer ces axes d’analyse, plusieurs disciplines sont mises à contribution : architecture, histoire des médias et des technologies, histoire de l’art et histoire de la littérature. Ce recueil contribue à élargir les perspectives critiques sur l’obsolescence programmée à ses implications culturelles.

    Ella MINGAZOVA est doctorante à l’université de Liège et à la KU Leuven. Ses recherches visent à cerner la lenteur en tant qu’effet à la lecture. Elle s’intéresse plus largement au durable et à l’éphémère dans le contexte culturel contemporain.

    Bruno DUPONT, docteur en Langues et Lettres, est actuellement chercheur à la KU Leuven et à la Haute École de la Ville de Liège. Il étudie les écritures numériques hybrides, ainsi que les rapports entre jeu vidéo et jeu d’argent chez les jeunes.

    Carole GUESSE, docteure en Langues et Lettres, est actuellement chercheuse à la KU Leuven et enseignante à la Haute École Charlemagne. Ses recherches portent principalement sur les explorations narratives et théoriques du posthumain.

  • par Lucien FRANÇOIS

    L’Introduction au droit social, publié pour la première fois en 1974, constitue l’ouvrage de référence de Lucien François en matière de droit social. Dans une première partie, l’auteur décrit l’histoire du droit social en Belgique, expliquant comment la question ouvrière née au XIXe siècle a engendré la question sociale, qui a elle-même donné naissance au droit du travail. Dans la seconde partie de l’ouvrage, l’auteur cherche à définir le droit du travail dans son essence. À cette fin, il tente d’abord de circonscrire la notion de « droit », puis celle de « travail », pour enfin s’intéresser aux interactions entre les réalités ainsi désignées. À la différence de nombreux traités de droit social qui se concentrent essentiellement sur le dernier état du droit positif, l’Introduction au droit social se distingue par la volonté d’expliquer cette branche du droit par une approche historique et d’en saisir la substance de manière théorique. Grâce à cette méthode, l’auteur offre une étude intemporelle, détachée des considérations simplement techniques, qui mérite d’être diffusée aujourd’hui auprès de nouvelles générations de juristes et, plus largement, de toute personne s’intéressant à la question du travail et de sa place dans les rapports sociaux.

    Lucien FRANÇOIS est professeur émérite à l’université de Liège où il a enseigné le droit du travail et la philosophie du droit. Il a en outre été chef de cabinet du ministre de la justice Jean Gol (de 1981 à 1985), conseiller d’État (de 1985 à 1989) et juge à la Cour constitutionnelle de Belgique (de 1989 à 2004).

  • Quelles dynamiques ?

    Germain SIMONS, Catherine DELARUE-BRETON, Deborah MEUNIER

    Les réformes de la formation initiale et continue des enseignant·es qui ont vu le jour ces quarante dernières années en Europe se sont caractérisées, entre autres, par l’introduction de cours, d’ateliers ou de séminaires qui visaient à amener le·la (futur·e) enseignant·e à réfléchir sur sa pratique, ceci afin de mieux la comprendre pour, in fine, la réguler. Cet ouvrage tente de mieux cerner la notion de réflexivité sur et dans la pratique, et la place qu’occupent les écrits réflexifs, les écrits professionnalisants et les écrits de recherche dans divers dispositifs de formation des enseignant·es. Des auteur·ices provenant de Belgique, du Canada, de France et de Suisse présentent et analysent différents dispositifs et outils mis en pratique dans leur contexte spécifique de formation pour développer la réflexivité. Ces outils vont du mémoire de master au portfolio d’intégration en passant par le dossier professionnel réflexif, le récit de pratique, le journal intime, le journal de bord… Les dispositifs de formation décrits dans l’ouvrage préparent à différents niveaux de formation, principalement l’enseignement secondaire supérieur (15 à 18 ans), mais aussi l’enseignement maternel (3 à 6 ans) et l’enseignement élémentaire/primaire (6 à 12 ans). Les domaines abordés par les auteur·ices sont celui de la langue de scolarisation (ici le français), des langues étrangères, des sciences humaines et sociales, de la biologie et de la physique.

  • par Collectif

    Sommaire

    Droit grec József Benke, Gläubigerschutz mittels Schenkungsverbots im Stadtrecht von Gortyn

    Droit romain Federica Bertoldi, From the Lex curiata de imperio to the Lex (regia) de imperio ; Thomas Finkenauer, Der Schutz der Sklavenfamilie im klassischen römischen Recht ; Tomoyoshi Hayashi, The Addressees of the Responsa of P. Alfenus Varus and the Accessibility of Legal Support for ‘Ordinary’ People in late Republican Rome ; Przemysław Kubiak, Repentance as a Mitigating Factor in Roman Criminal Law? Gianpiero Mancinetti, Labeone e Proculo: la non ripetibilità delle spese per evitare il danno non effettuate in societatem quamvis propter societatem ; María Isabel Núñez Paz, Dos memorias de mujer y violencia en el Alto Imperio. De la memoria damnata de Livilla al epitafio manu mariti crudelissimi de Iulia Maiana ; Pilar Pavón, Feminae et leges. Algunos aspectos sobre la política legislativa imperial romana en materia de mujeres ; Jop E. Spruit, Wurde das Lehrprogramm der Antecessoren in Konstantinopel um ein oder zwei Jahre verlängert? ; Andreas Wacke, Zum Eviktionsregress beim Pfandverkauf. Überprüfung der „Interpolationen in den Pandekten“ von Otto Gradenwitz

    Droit des papyrus Cary Martin, The Demotic Legal Manuals – Or Codes – Or Coutumiers – Or Commentaries – Or Case Laws? Does Modern Terminology Help or Hinder Us in Interpreting These Texts?

    Droit byzantin Lothar Thüngen, Unterricht des Antezessors Isidor über das Beweisrecht (D. 22.3–5) Versuch einer Palingenesie

    In Memoriam Nathan Carlig et Antonio Ricciardetto, In Memoriam Jean A. Straus

    Chronique Ouvrages reçus par la direction

  • Dumas, Gautier, Barbey d'Aurevilly Par Julie ANSELMINI Bien des écrivains du XIXe siècle ont mené de front activité littéraire et activité critique. Alexandre Dumas père, Théophile Gautier, Jules Barbey d'Aurevilly ont été de ce nombre. Le présent ouvrage examine les stratégies d’énonciation, les scénographies, les postures et discours déployés par ces trois auteurs, ainsi que les interférences esthétiques entre leur œuvre littéraire et leur production critique. Sont interrogées la transformation de la critique littéraire au cours du XIXe siècle et la façon dont ces grands écrivains-critiques ont fait, chacun selon sa voie, évoluer la représentation de cette activité. Pratique d’abord seconde, mais participant de plus en plus d’une écriture moderne. L’ouvrage entend contribuer, du même coup, à repenser les frontières toujours plus poreuses entre critique et littérature.

    Julie ANSELMINI, ancienne élève de l’École normale supérieure (Paris), est professeure de littérature française du XIXe siècle à l’université de Caen Normandie et membre du LASLAR (EA 4256). Spécialiste de Dumas père, à qui elle a consacré plusieurs ouvrages, elle s’intéresse aux liens entre presse et littérature, aux relations entre littérature et critique ainsi qu’aux frontières et aux hiérarchies qui structurent l’univers littéraire.

  • Du dramaturge au personnage Par Laurence DAUBERCIES

    Il n’y a pas un « Voltaire », il y a des « Voltaires »successifs. Le jeune François Marie Arouet se fait d’abord connaître sur la scène de la Comédie française, où il fait représenter vingt-deux tragédies entre 1718 et 1778. Ces succès au théâtre ont contribué aux rôles endossés par l’écrivain. Courtisan dans les années 1720, philosophe controversé à partir des années 1730, patriarche adulé dès 1760. L’auteur devenu un mythe est une construction collective. Cette construction est étudiée, dans le présent ouvrage, en portant au jour les liens complexes existant entre les stratégies de légitimation et les postures adoptées par l’auteur au cours de sa carrière et, d’autre part, sa pratique du genre tragique. Sont ici analysées les médiations liant étroitement, au XVIIIe siècle, fable tragique et identité auctoriale. Par divers mécanismes de « traversée du rideau », le dramaturge a été identifié à certains de ses personnages ainsi qu’aux valeurs qu’ils incarnaient. Ces processus d’identification ont contribué non seulement au « devenir écrivain » de Voltaire, mais à sa sacralisation en «patriarche ».

    Collaboratrice scientifique de l’université de Liège (U.R. Traverses), Laurence DAUBERCIES enseigne à la Haute École Charlemagne (Liège). Ses recherches sur la littérature du XVIIIe siècle s’inscrivent dans la perspective de la sociocritique.

  • 150 ans après Cumont Textes réunis et édités par Yann Berthelet et Bruno Rochette

    Issu du colloque réuni à l’Université de Liège les 20-21 juin 2018, 150 ans après que Franz Cumont eut reçu de quelque divinité orientale son heureux thème de géniture, cet ouvrage se donne deux objectifs : souligner l’importance de l’historien belge dans le développement d’une approche historique de l’astrologie ; apporter des éclairages sur quelques paradoxes et ambiguïtés dans les relations entre astrologie, astrologues et pouvoir impérial. La première partie contribue à expliquer pourquoi une science aussi suspecte que l’astrologie intéressa autant l’historien des religions qu’était Franz Cumont, en situant ses recherches astrologiques dans l’économie générale de son œuvre et dans l’évolution de sa pensée, puis en mettant en lumière, à travers sa correspondance, son importante entreprise du Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum. La deuxième partie évalue le poids paradoxal des signes astrologiques et des astrologues à la cour des empereurs romains : pour quelles raisons les historiens romains exploitèrent-ils si peu les potentialités esthétiques, dramatiques et symboliques des prédictions astrales ? pourquoi le recours aux horoscopes et aux autres signes astrologiques était-il toujours à double tranchant, aussi bien pour les empereurs et les ‘destinés au pouvoir’ que pour les opposants ? était-ce réellement à sa qualité d’expert que Thrasylle, « l’astrologue de Tibère » selon Franz Cumont, devait son influence à la cour impériale ? La troisième partie interroge les contextes dans lesquels des astrologues furent expulsés et les pratiques astrologiques condamnées par le pouvoir impérial : dans quelles circonstances les auteurs anciens évoquent-ils ces condamnations ? les bannissements collectifs des astrologues s’articulent-ils à un schéma répressif récurrent à partir de la mise en place du régime impérial ? Autant de raisons de s’attarder, après Franz Cumont, sur quelques « sottises astrologiques » des empereurs romains, dont l’attachement à l’astrologie est une réalité historique fascinante.

    Spécialiste des institutions politiques et religieuses de la République romaine et du début de l’Empire, Yann Berthelet occupe la Chaire d’Histoire de l’Antiquité gréco-romaine à l’Université de Liège. Il est notamment l’auteur de Gouverner avec les dieux. Autorité, auspices et pouvoir, sous la République romaine et sous Auguste, Paris, Les Belles Lettres, 2015.

    Bruno Rochette est professeur ordinaire de langues et littératures classiques au Département des Sciences de l’Antiquité de l’Université de Liège. Sa spécialité est l’étude du bilinguisme gréco-latin. Sensible aux questions religieuses, il s’intéresse depuis longtemps à l’œuvre de Franz Cumont. Avec le regretté André Motte, il a réédité le livre posthume du savant belge, Lux Perpetua, où l’érudit étudie l’évolution des conceptions des Anciens sur la vie après la mort.

  • par Archibald MICHIELS

    Marbre et monuments n'ont qu'un moment, mes lignes ont charge de l'éternel. Ta place est ici, dans ma lumière, et non dans la pierre que le temps ronge de lichen et salit de poussière. Quand la guerre décapitera les statues, fouillera la maçonnerie, ni le fer ni le feu n'atteindront la mémoire où tu vis. Laissant derrière toi la mort et l'oubli, tu poursuivras ta route ; pour ce qu'il reste de vie à ce monde, les bouches et les yeux se rempliront de ta louange. Jusqu'au jour dernier, qui te verra te lever en ta personne, ta vie est ici ; ta demeure, le regard des amants.

    À chacun son Shakespeare – les pièces sont nombreuses dans la demeure du Père. Je le lis dans la lignée de Catulle et Villon. Je lui vois le meilleur Donne comme successeur.

    Archibald MICHIELS, né en 1951, est docteur en Philosophie et Lettres de l’université de Liège et l’auteur de divers recueils de poésie, parmi lesquels Veilleur, où en est la nuit ? (Éditinter, Soisy-sur-Seine, 2002).

  • par Grégory CORMANN (éd.)

    Préambule

    I. Massimo Recalcati et Sartre Massimo Recalcati, Retour à Sartre

    Chiara Collamati, Répétition en forme de spirale : l’enfance comme matrice de l’historicité. Réflexions à partir de Massimo Recalcati, Ritorno a Jean-Paul Sartre. Esistenza, infanzia e desiderio, Turin, Einaudi, 2021, 258 p.

    Andrea Cavazzini, Notes sur Massimo Recalcati II. Une poétique de l’engagement. Retours sur Sartre, l’existentialisme et Les Temps Modernes dans les années 1960 Andrea Cavazzini, « Les hommes ne demandent qu’à être complétés ». Paul Nizan et la philosophie Esther Demoulin, Sartre est-il un dépossédé ? Retour sur la polémique de l’automne 1966 Grégory Cormann & François Provenzano, L’historicité des Temps Modernes, une poétique du montage. À propos de deux numéros « sans histoire » (1966, 1969) Andrea Cavazzini, Note complémentaire sur Predrag Matvejevitch, Pour une poétique de l’événement, Paris, UGE, 1979 (Esthétique et communisme II) III. Bibliographie IV. Informations Colloque du GES Manuscrits et archives. Saint Genet, comédien et martyr. Bibliographie Activités sartriennes Théâtre Actualité de Sartre, Médias et Divers V. Comptes rendus et recensions critiques
  • L’apport des papyrus Textes rassemblés et édités par Marie-Hélène Marganne et Gabriel Nocchi Macedo

    Si, redécouvertes il y a un peu plus d’un siècle, la musique et la danse antiques connaissent ces dernières années un réel regain d’intérêt, notamment suite aux dernières découvertes archéologiques et papyrologiques, aucun volume en français accessible aux non-spécialistes, n’a montré jusqu’ici l’apport précieux de la papyrologie à la connaissance de ces disciplines immatérielles, mais combien suggestives pour des lecteurs duXXIe siècle, immergés, comme jamais auparavant, dans une société de loisirs, où l’image et le son ont pris tant d’importance. Tel est le but poursuivi par le no 10 des Cahiers du CEDOPAL, qui rassemble les exposés présentés lors de la journée d’étude internationale Musique et danse dans le monde gréco-romain : l’apport de la papyrologie, organisée le mardi 26 mars 2019 à l’Université de Liège.

    Directrice honoraire du CEDOPAL de l'Université de Liège, Marie-Hélène Marganne y a enseigné la papyrologie littéraire, la paléographie grecque et la langue grecque jusqu’en 2020. À la fois papyrologue, philologue classique et historienne de la médecine, elle est l'auteur de nombreuses publications sur les papyrus médicaux, la médecine gréco-romaine, le livre et les bibliothèques antiques.

    Directeur du CEDOPAL et chargé de cours en papyrologie grecque et latine à l’Université de Liège, Gabriel Nocchi Macedo est l’auteur de nombreuses publications dans les domaines de la papyrologie littéraire, de l’histoire du livre et de l’écriture et de la transmission et réception de la poésie grecque et latine.

     
  • Comment la définir, l'enseigner, l'évaluer ? Sous la direction de Jean-Louis JADOULLE

    Nés dans le monde anglo-saxon, les travaux de recherche sur la pensée historique ou historienne exercent une influence majeure dans les curricula au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans le Canada anglophone. Depuis le début des années 2000, ils colorent également, dans des proportions diverses, les programmes en vigueur en francophonie, et tout particulièrement en Belgique et au Québec.

    Mais comment définir cette pensée historique ou historienne ? Quels liens établir avec ces autres concepts majeurs en didactique de l'histoire que sont la méthode, la perspective, la conscience historiques ou encore la pensée critique ? Dans quelle mesure est-il possible de l’enseigner à nos élèves, de l’école maternelle à l’école secondaire ? Quelles sont les conclusions des recherches empiriques réalisées à ce jour ? Quelles retombées en dégager pour l’enseignement de l’histoire du maternel à la fin de l’enseignement secondaire ?

    Ce volume rassemble des contributions de chercheuses et chercheurs venues et venus du Québec et de ­Belgique. Il intéressera particulièrement les formatrices et formateurs d’enseignantes et d’enseignants tant au niveau préscolaire que primaire ou secondaire, qu’ils soient actifs dans les universités ou les hautes écoles, en Belgique, au Québec et dans toute la francophonie. Les enseignantes et les enseignants qui œuvrent dans les classes, de l’école maternelle au secondaire, et les étudiantes et étudiants en formation trouveront également des pistes pour nourrir leurs pratiques d’enseignement dans la perspective du développement de la pensée historienne de leurs élèves.

    Jean-Louis JADOULLE est docteur en Philosophie et Lettres (histoire) et professeur agrégé à l’Université TÉLUQ au Québec. Il a enseigné auparavant à l’Université catholique de Louvain et à l’Université de Liège, où il a été directeur de l’unité de recherche interfacultaire « Didactique et formation des enseignants » (DIDACTIfen). Ses recherches portent principalement sur l’apprentissage et l’évaluation des compétences et des concepts en histoire, les modalités d’usage des manuels scolaires d’histoire, les acquis culturels des élèves et l’enseignement-apprentissage du temps historien. Ses travaux ont été couronnés par de nombreux prix dont le Prix Wernaers 2015 du Fonds National de la Recherche Scientifique et le Prix Tobie-Jonckeere de l’Académie royale de Belgique (2017).

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