• Le Dégoût

    24,00

    Histoire, langage, esthétique et politique d’une émotion plurielle

    par Michel DELVILLE– Andrew NORRIS– Viktoria von HOFFMANN (dirs)

    Pourritures, cadavres, corruptions, insectes et vermines, puanteurs, horreurs visuelles, matières et saveurs repoussantes, ordures, secrétions et déchets corporels… Nombreux sont les objets qui, du plus lointain de nos histoires et de nos cultures, suscitent le dégoût et agressent notre système perceptif ; les sens sont touchés avec une immédiateté qui les entraîne irrésistiblement à l’écart de cet objet qui nous fait détourner le regard, nous boucher les narines, nous éloigner physiquement afin d’éviter contact et proximité avec ce qui répugne. Pourtant, le dégoût fascine. Les artistes s’en emparent qui, dans la littérature, la peinture, l’art performatif ou le cinéma, prennent pied et appui sur le dégoût, exaltant les motifs et la monstration de ce qui au départ révulse.

    Comment définir le dégoût, malgré la multiplicité de ses objets ? Qu’en est-il de son histoire, tant du mot « dégoût » que du sentiment lui-même ? Quelles sont les relations qui unissent goût et dégoût ? Qu’en est-il du dégoût de soi ? Que dire, enfin, de la dimension éthique, politique et sociale d’une émotion qui pèse inévitablement dans les interactions humaines ?

    L’étude du dégoût est difficile. En effet, cette « émotion plurielle » est dotée d’une connotation très négative et a souvent été laissée aux marges du savoir. Depuis quelques décennies, cependant, les disgust studies se multiplient. Douze chercheurs en sciences humaines, provenant des disciplines les plus variées, proposent ici une réflexion théorique commune, explorant l’histoire, le langage, la philosophie, la psychologie, l’éthique et l’esthétique du dégoût, convaincus que les réflexions les plus riches sur le sensible, les émotions, les affects ou les sentiments se fondent sur le dialogue entre disciplines, en confrontant les méthodes, les approches et les objets. Les figures multiples du dégoût explorées dans cet ouvrage révèlent une émotion-limite, qui échappe aux partages clairement institués, tant elle se caractérise par la profusion et l’indétermination, expliquant le trouble, l’ambivalence, et la fascination du dégoûtant.

    Michel DELVILLE est l’auteur de Eating the Avant-Garde (2008), Crossroads Poetics (2013), Undoing Art (avec Mary Ann Caws, 2016) et de nombreux autres ouvrages consacrés aux études interdisciplinaires dans le domaine des sciences humaines.

    Andrew NORRIS est l’auteur de Frank Zappa, Captain Beefheart and the Secret History of Maximalism (avec Michel Delville, 2005). Ses recherches actuelles portent sur les représentations culturelles de la faim.

    Viktoria VON HOFFMANN a publié un ouvrage portant sur l’étude du goût intitulé Goûter le monde. Une histoire culturelle du goût à l’époque moderne (2013). Ses recherches les plus récentes se déploient vers l’histoire du toucher et de l’esthésie.

  • Note sur M. Bergson et Note conjointe sur M. Descartes par Andrea CAVAZZINI & Jonathan SOSKIN

    Au-delà de l’apologie circonstancielle du bergsonisme contre ses adversaires rationalistes et thomistes, les deux textes testamentaires de Charles Péguy constituent l’une des traversées les plus éloquentes, inséparable d’une reprise originale, de la philosophie de Bergson. Le gérant des Cahiers de la Quinzaine y renouvelle la métaphysique du temps depuis une analyse critique de la société de son temps. Avec cet engagement du bergsonisme, c’est le legs philosophique de Péguy lui-même que la Note sur M. Bergson et la Note conjointe sur M. Descartes recueillent en dernière instance. De là qu’elles demeurent sans équivalent pour aborder ou méditer cet auteur insaisissable. Socialiste utopiste, dreyfusard militant, poète chrétien, nationaliste enragé : les ultimes écrits de Péguy invitent à déposer ce kaléidoscope pour découvrir un penseur à la hauteur de son époque de crise, peut-être aussi de la nôtre. Plus profondément que deux philosophes français, c’est une réflexion métaphysique sur la scission radicale de la durée incarnée et une critique sociale de sa dénégation qui sont ici conjointes. Si bien qu’au seuil du désastre on ne trouve pas, sous la plume de ce va-t-en-guerre mélancolique, une théorie du déclin glorifiant le passé national, mais une ode à la « mouvance » du présent et une dénonciation de son gel catastrophique sous les règnes complices de l’argent et du positivisme. Péguy articule par-là, à une interprétation hardie de la métaphysique bergsonienne qui annonce les philosophies de l’événement, une étonnante contribution aux critiques marxistes de la modernité capitaliste et du mythe du progrès. Versant bergsonien d’un réquisitoire antimoderne, les Notes en sont aussi bien le pendant : un plaidoyer pour l’assomption de cet éternel passage du temps que refoulent tous les cultes de l’habitude et de la mémoire. De quoi rendre possible une réappréciation de Charles Péguy et de sa position singulière, entre diagnostic de la crise et affirmation de l’espérance.

    Andrea CAVAZZINI est membre du Groupe de Recherches Matérialistes et de l’Association « Louis Althusser » ; il a notamment publié Enquête ouvrière et théorie critique (PULg, 2013).

    Jonathan SOSKIN (Université de Liège, Université de Toulouse-Jean Jaurès) rédige actuellement une thèse de doctorat sur la genèse de la philosophie de Gilles Deleuze.

  • Gestion des flux migratoires en régime néolibéral

    par Denis PIERET

    Depuis la fin de la guerre froide, le nombre de murs, barrières ou clôtures a été multiplié par cinq ; mis bout à bout, ils permettraient de parcourir les trois quarts du périmètre équatorial de la Terre. De nouveaux murs ne cessent d’être construits, y compris en Europe. Pourtant, bien des études s’accordent à répéter l’inutilité de ces renforcements au regard des objectifs annoncés de « sécurisation » de la frontière. La résurgence du schème traditionnel de la frontière n’est-elle qu’un effet de surface, une réaction spectaculaire autant que vaine, le dernier sursaut d’une souveraineté à l’agonie ? Comment penser l’apparent paradoxe entre, d’une part, une incitation permanente et généralisée à la mobilité, une tendance à l’ouverture des frontières et, d’autre part, la militarisation des frontières et les mesures de lutte contre l’immigration clandestine ?

    En se démarquant de la dichotomie fondatrice du problème tel qu’il est généralement abordé (la souveraineté des États opposée aux droits des migrants, le sécuritaire contre l’humanitaire), ce livre tente de dessiner la cohérence propre d’une « rationalité » frontalière qui s’élabore dans le cadre d’institutions de gestion des migrations mondialisées. Se tenant au plus près de pratiques et de discours hétérogènes et souvent conflictuels, il met en résonance les derniers travaux de Foucault portant sur le néolibéralisme avec un riche matériel juridique, sociologique et politique. Ces ressources permettent de saisir la complexité et les transformations de l’institution frontalière, soumise à la pression institutionnelle et intellectuelle d’une gouvernementalité managériale, sur un fond de mondialisation essentiellement inégalitaire.

    La mondialisation du marché du travail et le développement du néolibéralisme forment le cadre à l’intérieur duquel la frontière se dessine comme mode de régulation des flux et instrument de mise en mouvement différenciant. Au regard de cette matrice génératrice de mobilités inégalitaires, quelle est la généalogie, quelles sont les continuités et les discontinuités du « phénomène migratoire » ?

    Préface de Thomas Berns et postface d’Étienne Balibar.

    Denis PIERET, docteur en philosophie, a mené des recherches au sein de l’U.R. en Philosophie politique et philosophie critique des normes (Université de Liège). Il travaille actuellement à PhiloCité, association oeuvrant à la diffusion de la philosophie dans l’espace public.

  • Patronages sacrés dans l’Europe des Habsbourg

    par Marie-Élizabeth DUCREUX (dir.)

    Ce livre propose une réflexion comparative et transdisciplinaire sur les adaptations aux réformes de la sainteté et des patronages dans les pays gouvernés par les deux branches de la dynastie des Habsbourg à l’époque moderne : l’Espagne et les pays de l’empereur, en particulier la Hongrie, la Bohême et la Basse-Autriche de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle, puis la Sicile entre 1720 et 1730. Ils sont confrontés aux cas des villes et principautés de l’Italie du Nord et à la situation en Pologne-Lituanie. La création en 1588 de la Congrégation des Rites et la publication des nouveaux livres liturgiques romains — le Bréviaire, le Missel et le Martyrologe — entraînèrent dans tout le monde catholique un double mouvement de demande d’approbation des rituels et des calendriers propres. Il s’agissait à la fois de se mettre en conformité avec la normativité universaliste de la Curie et de réaffirmer l’irréductibilité des particularismes. Or, dans les pays concernés ici de l’Europe centrale et orientale, le pluralisme religieux juxtaposait à un catholicisme souvent minoritaire au début du XVIIe siècle, une adhésion importante, parfois majoritaire, aux différents courants de la Réforme en Hongrie, en Autriche et en Pologne-Lituanie, à l’utraquisme et à l’Unité des Frères issus du hussitisme en Bohême. Dans le Grand-Duché de Lituanie et en Ukraine polonaise avait lieu aussi, non sans conflits et résistances, le passage de l’orthodoxie à l’uniatisme. La mise en perspective de situations impliquant donc une recatholicisation, sous des modalités différentes selon les contextes, avec celles de l’Italie et de l’Espagne apporte de nouveaux éléments de réflexion sur un point central de ces remises en ordre : la notion de patronage sacré. Le patronage, en effet, est susceptible d’usages multiples. Il est support d’autant plus fort à la dévotion locale qu’il insiste sur l’attachement à un lieu, à une histoire, à un groupe ou un territoire. Il est aussi un élément d’identification recréant l’idée de la tradition et de la continuité précisément dans une période de grands bouleversements. Enfin, il est un maillon essentiel des politiques symboliques et légitimatrices, dynastiques ou non. En reconstruisant les contributions d’acteurs particuliers dans les demandes de reconnaissances de cultes anciens, en montrant l’existence des réseaux dans la diffusion de nouveaux cultes, ce livre élargit notre compréhension des rôles conférés au culte des saints à l’époque moderne. Il éclaire la place de l’hagiographie et du bréviaire comme matrices d’une littérature vernaculaire en Europe centrale et suggère la plasticité des modèles iconographiques et rhétoriques s’adaptant à une vaste gamme des conceptions de la sainteté moderne, jusqu’à la veille des Lumières.

    Marie-Élizabeth DUCREUX est historienne de la Monarchie des Habsbourg à l’époque moderne et plus spécialement de la recatholicisation de la Bohême. Elle cherche à articuler dans ses travaux les aspects religieux, politiques, culturels et sociaux des transformations en cours dans les différents pays que les Habsbourg gouvernaient en Europe centrale aux XVIIe et XVIIIe siècles.

  • Le singulier dictionnaire de Trübner - Édition revue et augmentée par Jacques ARON- Préface de François RASTIER A propos de l'ouvrage

    Cet essai est consacré au plus important dictionnaire historique et étymologique allemand conçu sous le IIIe Reich par une équipe de linguistes ralliés au régime. Engagé dès 1934, ce projet sans précédent n’a pu être mené à son terme du fait de la Seconde Guerre mondiale. Quatre volumes en ont été publiés entre 1939 et 1943. Après la défaite du nazisme, la matière des tomes suivants a dû être complètement remaniée ; les quatre derniers volumes paraîtront entre 1954 et 1957, adaptés vaille que vaille au nouveau contexte politique: occupation militaire, entrée dans la guerre froide et division du pays en deux États rivaux. Ce mélange d’érudition, d’opportunisme et de compromissions politiques représente un témoignage d’autant plus précieux sur une période de l’histoire européenne, que cet ouvrage de référence a été acquis au fur et à mesure de sa parution par toutes les bibliothèques universitaires et utilisés par des générations de philologues germaniques.  Il engage dès lors à une réflexion renouvelée sur le rôle de la langue et de ses rapports complexes avec tous les enjeux de société, qu’ils soient économiques, politiques, culturels. Il remet en question les limites de la recherche scientifique dans les sciences humaines.

    A propos de l'auteur

    Jacques Aron (Anvers, 1933) est architecte et urbaniste. Il a également enseigné l’histoire et la théorie de ces disciplines. Il est professeur honoraire de l’Enseignement supérieur. Issu d’une famille d’émigrés juifs d’Europe centrale et orientale, il a depuis 20 ans consacré plusieurs ouvrages à la condition juive européenne, particulièrement dans les pays de culture germanique, et à deux philosophes allemands d’origine juive persécutés par le nazisme: Constantin Brunner et Theodor Lessing.

  • par Daniel GIOVANNANGELI

    Ce livre rassemble des articles que l’auteur a consacrés à la phénoménologie. Avec plusieurs autres textes publiés dans ses livres précédents, ils dessinent les linéaments d’une archéologie de la phénoménologie française. Si la phénoménologie a pu bouleverser la philosophie au vingtième siècle, c’est qu’elle est avant tout une méthode. Aussi, loin de se figer en un ensemble de thèses, s’est-elle développée dans une pluralité de directions et a-t-elle retourné vers, et parfois contre elle-même, sa réflexion critique. Les pensées analysées en témoignent, la phénoménologie française est en dialogue ouvert avec les grands systèmes philosophiques, mais aussi avec d’autres disciplines, parmi lesquelles prévalent peut-être l’esthétique et l’anthropologie. Aussi l’auteur s’est-il toujours, ici comme ailleurs, interdit de la refermer sur elle-même. La réception de l’héritage phénoménologique a été particulièrement féconde en France, où dans la brèche ouverte par Levinas, se sont déployées des pensées majeures telles que celles de Sartre et de Merleau-Ponty. Les essais réunis dans ce livre se présentent comme autant de lectures qui dégagent quelques-uns des moments qui ont prolongé ces grandes pensées : de Ricoeur et Thao à Derrida, de Dufrenne à Lyotard, de Granel à Janicaud. L’ouvrage laisse apparaître que les entreprises les plus audacieusement critiques à l’égard de la phénoménologie restent elles-mêmes, à des degrés divers, solidaires de l’héritage qu’elles ont reçu en partage.

    Daniel GIOVANNANGELI a été, jusqu’en 2009, professeur ordinaire à l’Université de Liège, où il a enseigné l’histoire de la philosophie, la métaphysique et la philosophie des sciences sociales. Il est l’auteur de plusieurs livres dont, en 2010, Figures de la facticité. Réflexions phénoménologiques.

  • par Leah SOUFFRANT

    “Leah Souffrant, with laudably quiet gestures, reaches lyrically into literature’s silent places to delineate the thermodynamics of the lacuna. Working the pauses, she does a Duras: nimble, stunned, alert. Hats off to Souffrant for the elliptical beauty she unearths and—with interpretive deftness—performs!” — Wayne Koestenbaum

    How might the unsayable become known to us? In the arts, silence and blank space often attempt to convey what cannot be said, making one revelation even as another is withheld. In this meditative study, Leah Souffrant explores how creative forms of reticence can communicate knowledge and create experience. Attending to word and image and what hovers between, Souffrant describes an aesthetics of attention to absence and presents a poetics of the unsayable. Through the work of Anne Carson, Marguerite Duras, Sylvia Plath, Jean Rhys, Rainer Maria Rilke, Lorna Simpson, Rachel Zucker, and others, Souffrant investigates creative gestures and critical assertions at the intersection of phenomenology, feminism, and form. She invites readers to dwell in the spaces created by works that withhold explication, remain silent or blank, and discover the understanding made available to us in such spaces when we give them our attention. While acknowledging that language inevitably is inadequate, Souffrant examines the ways in which creative works nevertheless translate experience into form, and can — echoing Maurice Merleau-Ponty —“make us advance toward” richer understanding of what is often most difficult to grasp.

    Leah SOUFFRANT, PhD, MFA, is a poet and critic. She holds degrees in English; Creative Writing-Poetry; and Russian. Souffrant teaches at New York University.

  • Cases & Materials par VAN CLEYNENBREUGEL, Pieter BLOC 1 du grade de Master en Sciences politiques (orientation générale, à finalité) Master en Droit (à finalité) Master de spécialisation en Droit européen, Droit de la Concurrence et de la Propriété intellectuelle Étudiants Erasmus 
  • Du dissensus en poésie moderne et contemporaine Lénaïg Cariou et Stéphane Cunescu (dirs) en hommage à Martine Créac’h

    Ce volume se propose d’interroger la propension de la poésie à se dresser contre elle-même. De l’émergence de la modernité poétique jusqu’à l’extrême contemporain, la dynamique du contre s’insinue dans un grand nombre de discours réflexifs et de pratiques, appelant sans cesse la poésie à reconfigurer ses formes et ses frontières. Les articles ici rassemblés illustrent la variété des stratégies et des dispositifs employés par les poètes pour réitérer, transformer ou dépasser la « haine de la poésie » énoncée par Bataille, et qu’ont repris à leur compte nombre de poètes — qu’elle soit « haine » du lyrisme ou de la « niaiserie poétique », refus institutionnels et génériques, ou affrontements idéologiques. Autant de manières de mettre en évidence la façon dont la poésie résiste et se redéfinit au contact de ces questionnements, qu’ils soient esthétiques, politiques, ou philosophiques.

    Plutôt que d’analyser l’histoire de la poésie des dernières décennies comme une progression, ou une évolution, allant de la poésie, à la « post-poésie » en passant par la re- ou néopoésie, d’un avant fantasmé à un après nécessairement artificiel, cette somme propose la notion de dissensus comme prisme d’analyse des phénomènes d’invention, d’opposition, de co-création et de dispersion en poésie ces dernières décennies. Si cette réflexion s’ancre dans un contexte francophone, il s’agit pourtant d’élargir ici « la-question-dela-poésie » à un corpus comparatiste, qui la décentre et la complète.

    Avec des textes de : Milena Arsich, Pierre Bayard, Vincent Broqua, Lénaïg Cariou, Stéphane Cunescu, Jacques Demarcq, Nassif Farhat, Adel Habbassi, Pauline Hachette, Antoine Hummel, Laure Gauthier, Anne Gourio, Pamela Krause, Lisette Lombé, Solène Méhat, Michèle Métail, Philip Mills, Coral Nieto-Garcia, Stéphane Nowak, Anne-Christine Royère, Lionel Ruffel, Mireille Séguy, Nicolas Servissolle, Pierre Vinclair.

    Lénaïg CARIOU (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – Paris Cité) est chercheuse, traductrice et poète. Elle prépare une thèse sur le travail du poète Emmanuel Hocquard et de la maison d’édition Orange Export Ltd.

    Stéphane CUNESCU (Université de Liège – Paris 8) est chercheur et éditeur. Il prépare une thèse sur les formes poétiques et les pratiques contemporaines dans l’oeuvre de Franck Venaille.

  • Bâtir (enfin) un monde commun par JACQUES TÉNIER

    Une planète de bientôt dix milliards d’habitants unifiée par les sciences et les techniques, par l’argent et le commerce, exposée aux mêmes périls, est dépourvue d’organisation politique et sociale. Les êtres humains sont renvoyés à une relation, démocratique ou non, avec leur pays de rattachement. L’enfermement des nations et le déchaînement du capitalisme font bon ménage. En paient le prix fort les déshérités et les partisans du pluralisme et de la justice. L’effondrement de la biodiversité, l’ampleur des déséquilibres, le creusement des inégalités, tout plaide pour inventer des organisations aptes à dégager le commun du particulier et à en répondre de façon concertée : la paix, les droits, l’eau, le climat, les forêts, les conditions d’une vie digne, un accès à des infrastructures de base, des acteurs financiers et numériques placés sous un contrôle démocratique. Faisons-nous bâtisseurs d’un monde conscient de la solidarité de ses membres et de la communauté de leur avenir : encourageons les coopérations entre les peuples, faisons contribuer les grands groupes au financement des besoins collectifs, réévaluons les marchés locaux et régionaux, revalorisons l’usage commun des choses par rapport à leur propriété, garantissons aux citoyens, journalistes, syndicats, associations, les moyens d’une expression continue, ouvrons cultures et langues sur celles du voisin. Nous déjouerons les catastrophes annoncées, nous bâtirons sur une Terre à l’évidence unique et fragile, un monde commun, le nôtre et celui des autres.

    Jacques Ténier est magistrat, chargé de cours à l’université Rennes II et à l’Institut d’études politiques de Rennes. Il a donné des conférences sur le rapprochement des peuples et les coopérations entre pays voisins en Amérique du Sud, en Afrique de l’Ouest et en Asie du Sud. Professeur invité par les universités du Guangxi, Nanning, Chine, 2016 et de Liège, Belgique, 2017. Il participe à des actions de solidarité au Burkina Faso et en Haïti. Il est l’auteur de Intégrations régionales et mondialisation, La Documentation française 2003 et de Faire la paix dans les régions du monde, L’Harmattan, 2008, édition espagnole, Lluvia editores, Lima, 2021.

  • La réception internationale de la pensée de Pierre Bourdieu par Jacques DUBOIS, Pascal DURAND, Yves WINKIN (dirs)

    La catégorie du symbolique joue un rôle central dans la pensée de Pierre Bourdieu. Elle a pourtant a été assez peu théorisée en tant que telle, alors que d’autres notions clés, comme celles d’habitus ou de champ, ont fait l’objet de reprises méthodiques et de commentaires minutieux. C’est à combler cette lacune que l’on s’emploie dans le présent ouvrage, en faisant valoir que le symbolique concentre la démarche du sociologue dans ce qu’elle a de plus singulier. Sociologues, philosophes, théoriciens du langage, spécialistes de la littérature ou des médias, les auteurs réunis ici procèdent à cette réévaluation sous trois aspects, qui correspondent à autant de champs de réflexion : anthropologie, culture et politique. Au-delà, c’est du rayonnement international de l’œuvre de Pierre Bourdieu qu’il s’agit de témoigner, et aussi de la diversité des objets qu’une même discipline de pensée continue de prendre en compte : de la gastronomie à la photographie, des littératures périphériques à l’art d’avant-garde, des politiques de contrôle social aux pratiques journalistiques. Le présent volume constitue une nouvelle édition des Actes du colloque qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 12 au 19 juillet 2001 avec la participation du sociologue, dont l’intervention est recueillie au sommaire. L’introduction générale en a été mise à jour afin de faire place aux développements apportés par celui-ci au concept de symbolique dans ses cours au Collège de France sur la genèse de l’État, publiés entre-temps. L’épilogue de l’ouvrage est assuré par l’écrivain Annie Ernaux.

  • par Vincent GEENEN  A propos de l’ouvrage

    Si le thymus fut identifié dès la Grèce Antique, il faudra néanmoins attendre la fin du XXe siècle pour comprendre que cet organe, considéré comme un vestige de l’évolution, joue un rôle unique dans l’éducation du système immunitaire à reconnaître les gènes du soi et à ne pas les rejeter comme de vulgaires intrus. L’auteur nous raconte différents voyages comme celui des concepts en immunologie ainsi que son propre parcours depuis son initiation à la recherche scientifique. Il démontre que l’ocytocine, une neurohormone cérébrale, est synthétisée dans le thymus mais qu’elle n’y est pas sécrétée. Ce comportement particulier de l’ocytocine thymique amène l’auteur à démontrer que la «présentation» des peptides du soi neuroendocrine dans le thymus joue un rôle unique dans la programmation de la tolérance immunitaire vis-à-vis du système neuroendocrine. L’extension de ce nouveau concept à d’autres familles d’hormones lui permet de proposer une nouvelle compréhension de la pathogénie du diabète insulinodépendant. Ces voyages s’achèvent sur un témoignage personnel situant sa démarche dans les conflits entre la foi et la science. Cette monographie évoque ainsi de manière concise de très nombreux domaines touchant à l’histoire, à la philosophie des sciences et à la foi.

    A propos de l’auteur

    Vincent GEENEN est docteur en Médecine, chirurgie et accouchements (ULg, 1982), docteur en Sciences biomédicales expérimentales (ULg, 1987), et agrégé de l’Enseignement supérieur (ULg, 1996). Marié et père de 3 enfants, il est Directeur de recherches au F.S.R.-FNRS de Belgique, chef de clinique au Centre Hospitalier Universitaire de Liège, et Professeur d’Embryologie et d’Histoire de la recherche biomédicale aux Facultés des Sciences et de Médecine de l’ULg. Il est membre de l’Académie royale de Médecine depuis 2013. Depuis 1996, son nom est mentionné dans le Who’s Who in the World, le Who’s Who in Medicine and Health Care, ainsi que dans le Who’s Who in Science and Engineering.

  • Rémi Cayatte, Audrey Tuaillon Demésy et Laurent Di Filippo (dirs)

    Cet ouvrage pluridisciplinaire réunit les contributions de douze chercheurs et chercheuses s’inscrivant dans le champ des études universitaires sur les jeux. Il est centré sur les manières dont différents imaginaires contribuent à la construction de mondes du jeu (vidéo, de rôle, sportif, etc.) et aborde comment les mécanismes temporels participent à la structuration et à l’appropriation d’expériences ludiques. Les douze chapitres de cet ouvrage sont organisés autour de deux axes principaux. Dans une optique principalement narrative, le premier s’intéresse aux contenus des jeux, aux temporalités intradiégétiques ainsi qu’aux spécificités relatives à leurs mises en scène. Quant au second, il se situe dans une perspective davantage ancrée en sciences sociales et s’intéresse aux pratiques ludiques et aux dimensions temporelles qu’elles permettent d’expérimenter. Entièrement dédié aux questions temporelles et à la manière dont elles sont véhiculées par et dans des imaginaires ludiques, ce volume place au coeur de son propos des réflexions qui demeurent encore à la marge des recherches en sciences du jeu.

    Rémi CAYATTE est docteur en Sciences de l’information et de la communication, maître de conférences en SIC à l’université Toulouse III. Ses recherches portent sur les notions de communication, d’agentivité et d’expressivité dans les systèmes de jeu et plus largement dans les dispositifs d’interaction.

    Laurent DI FILIPPO est docteur en Sciences de l’information et de la communication et en études scandinaves et maître de conférences en SIC à l’université de Lorraine. Ses recherches portent sur la réutilisation des mythes nordiques et de l’imaginaire viking dans les médias contemporains, ainsi que sur les rapports entre jeux et faits religieux.

    Audrey TUAILLON DEMÉSY est docteure en sociologie, professeure en STAPS à l’université de Franche-Comté (laboratoire C3S). Ses travaux portent sur les cultures alternatives (sports subculturels, reconstitutions historiques, culture punk) et les imaginaires, notamment du temps, qui les entourent.

  • Autour du Docteur Denis Mukwege par VÉRONIQUE DE KEYSER et ADÉLAÏDE BLAVIER

    Partout dans le monde dès qu’éclatent des conflits, des violences sexuelles à l’égard des femmes et des petites filles s’ensuivent ; la récente invasion russe sur le sol ukrainien n’a hélas pas dérogé à la règle. Le recours aux viols comme arme de guerre vise à humilier, à souiller et peut aussi, dans les cas de violences extrêmes, entraîner la mort. Dans certains conflits, les viols sont commis de façon systématique et sont si bien organisés qu’ils semblent être commandités avec un objectif : détruire une communauté, un peuple, une nation, en s’en prenant aux corps des femmes et des filles. Ce livre retrace la création de la Chaire Mukwege à l’Université de Liège. Mais il traite surtout des interrogations des chercheurs internationaux au sein de cette Chaire. Rien en effet, dans le cursus universitaire, ne prépare les scientifiques à l’horreur des situations rencontrées. Et y faire face, sans soi-même être happé par la situation traumatisante, n’est pas simple. Une fois le traumatisme surmonté, les soignants ont souvent plus envie de tourner la page, que de partager leur expérience avec d’autres. Aussi, il y a urgence de pérenniser cette expérience difficile pour en tirer des leçons, urgence de mieux préparer les intervenants, urgence de réagir. Autant d’objectifs poursuivis par la Chaire Mukwege. Ce livre, où le prix Nobel de la paix parle de son propre questionnement et de ses doutes, est un chaînon indispensable pour comprendre le sens de l’oeuvre entreprise à l’hôpital de Panzi, lieu ouvert à tous les débats, à tous les scientifiques de bonne volonté, où, à côté de l’horreur la plus grande, le mot humanité reprend tout son sens. C’est pour le soutenir que fut fondée en 2018 la Chaire Internationale Mukwege à l’Université de Liège, peu de temps avant qu’il ne reçoive le prix Nobel de la paix.

    Véronique De Keyser est psychologue et professeure émérite extraordinaire de l’Université de Liège. Doyenne honoraire de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation et ancienne députée européenne, elle est également co-fondatrice de l’asbl Les enfants de Panzi et d’Ailleurs et présidente du Centre d’Action Laïque (CAL). Adélaïde Blavier est docteure en psychologie et professeure à l’Université de Liège où elle dirige le Centre d’Expertise en Psychotraumatisme et Psychologie Légale. Elle est aussi consultante en psychologie clinique à la Clinique Psychologie et Logopédique Universitaire (CPLU). Elle participe activement à la formation et l’encadrement des intervenants des Centres de Prises en Charge des Victimes de Violences Sexuelles (CPVS), est vice-présidente du Comité d’Accompagnement de l’Enfance Maltraitée (CAEM) à l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance) et siège actuellement au conseil d’administration de l’équipe SOS-enfants de l’ULiège.

  • Un regard des acteurs sur leurs pratiques par Olgierd KUTY, Frédéric SCHOENAERS, Christophe DUBOIS, Baptiste DETHIER

    Dans nos sociétés en réseaux qui se caractérisent par un pluralisme normatif, on peut faire société sans partager des valeurs communes. Le fonctionnement des institutions scolaires illustre les nouveaux modes de régulation des tensions, de la diversité, de l’intégration, etc. désormais à l’œuvre. C’est dans ce contexte que le concept de médiation a fait son apparition dans nos écoles, comme dispositif d’apaisement ou de maintien du lien social. La diffusion de tels dispositifs doit beaucoup à la création de services centraux puis locaux de médiation, tout comme au travail de nombreux médiateurs qui ont progressivement investi le champ scolaire. En présentant une enquête approfondie sur la culture professionnelle des médiateurs scolaires, cet ouvrage analyse aussi le développement de leur fonction et son processus de diffusion.

    Olgierd Kuty, Frédéric Schoenaers, Christophe Dubois et Baptiste Dethier sont chercheurs au Centre de Recherche et d’Interventions Sociologiques de l’Université de Liège (Cris). O. Kuty, Professeur émérite, est auteur de La négociation des valeurs (De Boeck, 1998). F. Schoenaers, Professeur ordinaire, a dirigé (avec C. Dubois) Penser la négociation (De Boeck, 2008). C. Dubois, Chargé de cours, a publié La justice réparatrice en milieu carcéral (P. U. Louvain, 2012). B. Dethier est docteur en sciences politiques et sociales et conseiller scientifique au fnrs.

  • Première approche par Alain SERET

    La lumière nous est source constante d’information et de plaisir visuel. L’homme l’a très tôt étudiée, il ne se prive pas de l’utiliser tout azimuth, y compris pour sonder le plus profond de la matière ou l’univers, faisant de l’optique une discipline essentielle de la technologie moderne. C’est à une première approche de l’optique rédigée afin d’amener à une lecture active et non passive qu’est consacré cet ouvrage. Les faits physiques et les divers modèles théoriques qui ont été élaborés pour les interpréter sont présentés, le cheminement historique est rappelé au travers de compléments clairement individualisés. Le texte est régulièrement interrompu par des questions qui se veulent formatives, en amenant le lecteur à mettre en œuvre ou à s’interroger sur ce qui vient de lui être exposé. Il est essentiel de s’arrêter sur ces questions et d’y répondre avant de poursuivre car le plus souvent elles préparent à ce qui les suit. Des phrases lacunaires, des questions à choix multiples et des exercices permettent une première auto-évaluation des connaissances acquises et leur mise en pratique. De brèves annexes et un formulaire complètent l’ouvrage. Le lecteur est supposé avoir quelques connaissances en électromagnétisme, principalement les notions de champ électrique et de champ magnétique.

    Alain SERET est licencié en sciences physiques, docteur en sciences et participe à l’enseignement des bases de la physique et de l’imagerie médicale en Faculté de Médecine, Faculté de Médecine vétérinaire et Faculté des Sciences à l’Université de Liège depuis 1999. Son domaine de recherche est celui de l’imagerie médicale et plus particulièrement de la médecine nucléaire.

  • par G. CORMANN, B.-O. DOZO & C. LETAWE (éds) Présentation de la revue Methis est la revue du groupe Intersection. Elle se donne un double objectif : la discussion, dans un cadre interdisciplinaire, des recherches en cours des doctorants et jeunes docteurs en Philosophie et lettres et en Sciences humaines et sociales de l’Université de Liège et la constitution d'un lieu de publication ouvert pour des dossiers portant sur des thématiques interdisciplinaires. Un tel cadre interdisciplinaire exige, afin d’assurer un échange scientifique rigoureux, que les questions de méthode soient clairement posées et soumises à la perspicacité des regards croisés entre les différentes disciplines. Table des matières MethIS 1

    Grégory Cormann, Björn-Olav Dozo, Céline Letawe, Introduction Interdisciplinarité et réflexivité Stéphane Polis, Langue et réalité. De l’usage de l’iconicité en linguistique Caroline Huby,  Réalité et représentations dans l'art romain. L'exemple des trophées aux captifs Thierry Ramais, La représentation du consommateur dans les films de fiction et documentaires portant sur l’industrie pornographique Jeremy Hamers, De la  Selbstverständlichkeit dans Videogramme einer Revolution de Harun Farocki et Andrei Ujica. Le regardé, le visible et le vu Alain Chevalier, Pour le regard inconfortable et productif de Galilée. Distanciation et critique de la représentation chez Brecht et chez Bourdieu Marie Herbillon, La linéarité comme métadiscours dans l’oeuvre de Murray Bail

  • Entre logique et ontologie par Arnaud DEWALQUE, Bruno LECLERCQ, Denis SERON (éds)

    Renouant, par-delà Kant, avec le projet aristotélicien d’une théorie des catégories, la philosophie contemporaine a largement contribué à renouveler le problème de l’articulation entre ’analyse du monde et celle du langage, entre les catégories ontologiques (substance, propriété, état de choses, etc.) et les catégories logiques (sujet, prédicat, proposition, etc.). Les catégories héritées de la tradition sont-elles d’abord des catégories ontologiques ou des catégories logiques ? Quel lien unit les unes aux autres ? Et dans quelle mesure sont-elles contaminées, les unes comme les autres, par les catégories grammaticales qui dénotent les parties du discours (substantif, adjectif, verbe, etc.) ? Enfin, comment et à quelles conditions l’analyse syntaxique, qui rend compte de la construction d’expressions bien formées, peut-elle être complétée par une analyse sémantique, qui rend compte de leur caractère sensé ?

    Les études rassemblées dans ce volume portent sur toutes ces questions. Repartant de l’ambivalence des catégories d’Aristote et de la lecture qu’en propose Franz Brentano, elles jettent une lumière nouvelle sur certains aspects essentiels de la réappropriation du problème des catégories de Bolzano à Lesniewski, en passant, centralement, par la phénoménologie husserlienne.

    Arnaud DEWALQUE, ancien chargé de recherches du FNRS, enseigne l’histoire de la philosophie contemporaine à l’Université de Liège.

    Bruno LECLERCQ est titulaire d’une maîtrise en Philosophie de l’esprit de l’Université de Hull et docteur en Philosophie de l’Université de Liège, où il enseigne la logique et la philosophie analytique.

    Denis SERON est chercheur qualifié du FNRS à l’Université de Liège. Il est l’auteur de nombreux travaux consacrés à la philosophie contemporaine.

    Table des matières :

    A. Stevens, L’articulation du logique et de l’ontologique dans les catégories d’Aristote I. Tănăsescu, L’être copule dans la dissertation de Brentano : Aspects catégoriaux et aspects véritatifs G. Fréchette, De la proposition à l’état de choses : Husserl lecteur de Bolzano D. Seron, La corrélation logico-ontologique dans la phénoménologie transcendantale de Husserl W. Miskiewicz, L'inflexion ontologique des analyses husserliennes des contenus dépendants L. Rizzoli, Forme et matériau de la pensée dans la conception husserlienne du catégorial A. Dewalque, L’autonomie des catégories syntaxiques (Husserl, Heidegger, Pfänder) B. Leclercq, Catégories sémantiques et catégories syntaxiques : Relecture critique de la quatrième Recherche logique husserlienne du point de vue de la philosophie analytique T. Rapaille, Ni husserlienne, ni russellienne : La théorie des catégories sémantiques de Leśniewski

  • par Antoine DECHÊNE et Michel DELVILLE (dirs)

    Ce livre s’attache à décrire un avatar singulier du roman policier d’Edgar Allan Poe à nos jours. Il en illustre la capacité d’intégrer des enjeux et considérations qui dépassent les méthodes et ambitions traditionnelles de la littérature policière eu égard, d’une part, à sa diversité et sa complexité formelle et culturelle, et, d’autre part, à l’extrême richesse de son réseau intertextuel. En envisageant un large corpus de textes littéraires, filmiques, théoriques ou encore philosophiques, cet ouvrage considère le développement du genre dans sa continuité et dans ses ruptures selon une perspective transmédiale et transdisciplinaire. Cette dernière semble particulièrement adaptée à l’étude d’un objet qui prend sa source dans la circulation et l’interpénétration des discours littéraire, esthétique et scientifique qui caractérisent les écrits de Poe, de ses premiers contes et nouvelles à Eurêka, œuvre ultime située aux confins de l’essai philosophique, du poème en prose et du traité cosmologique. Cette promiscuité générique et discursive fait du « thriller métaphysique » un champ de recherche transdisciplinaire par excellence. Comme son nom le laisse entendre, ce paragenre de la fiction policière apparaît comme un objet duel tiraillé entre le réel et l’idéel, le monde sensible et les espaces transcendantaux. Les textes réunis ici démontrent par ailleurs que le thriller métaphysique est ancré autant dans la représentation que dans la critique de la représentation : il pratique le plus souvent une approche autoréflexive tout en s’inscrivant dans un champ référentiel très vaste. À cet égard, ce livre n’a d’autre ambition que d’éclairer la généalogie complexe du thriller métaphysique et d’en élucider quelques cas exemplaires de la diversité des pratiques de création et de réception d’un genre aspirant au mystère de l’irrésolu et de l’inexplicable.

    Antoine DECHÊNE est doctorant à l’Université de Liège au sein du département de langues et littératures modernes et du CIPA. Ses recherches portent sur la généalogie du récit policier dit « métaphysique ».

    Michel DELVILLE est l’auteur de Crossroads Poetics (2013), Undoing Art (avec Mary Ann Caws, 2016), The Politics and Aesthetics of Hunger and Disgust (avec Andrew Norris, 2016) et de nombreux autres ouvrages consacrés aux études interdisciplinaires dans le domaine des sciences humaines.

  • par DELACHARLERIE, S. ; de BIOURGE, S. ; CHÈNÉ, C. ; SINDIC, M. et DEROANNE, C.

    Dans le cadre des programmes Interreg II et III financés par l'Union européenne, la FUSAGx et l'ADRIANOR ont uni leurs compétences sous l'intitulé de projet « HACCP organoleptique - Développement et mise en place de la méthode HACCP et des indicateurs de qualité pour la maîtrise des risques organoleptiques ». Ce projet a permis de développer et d'adapter la méthodologie HACCP à la problématique organoleptique en partenariat avec des entreprises-pilotes. C'est le fruit de cette expérience de terrain qui est présenté dans cet ouvrage. L'HACCP constitue un outil complet et reconnu de gestion de la sécurité sanitaire des produits alimentaires. Aujourd'hui, il apparaît que la méthode HACCP est une démarche analytique qui peut s'adapter à d'autres problématiques portant sur l'optimisation des process, telles que l'évaluation des risques organoleptiques, nutritionnels ou allergènes. Si l'entreprise maîtrise la qualité sanitaire de ses produits, condition de base indispensable, elle doit pouvoir se différencier de ses concurrents par d'autres aspects permettant d'augmenter l'attractivité du produit comme, par exemple, la garantie d'une qualité organoleptique constante. Ce livre s'adresse donc à des entreprises dynamiques, soucieuses d'apporter une plus-value à leurs produits et de se distinguer sur le marché. Les secteurs ciblés sont ceux des aliments à humidité intermédiaire (AHI) : confitures, miels, saucissons, produits de charcuterie salés, séchés et/ou fumés, certaines pâtisseries... Ce guide se veut essentiellement pratique. Il parait toutefois indispensable de présenter les altérations les plus souvent rencontrées ainsi que quelques méthodes d'analyse. Ce guide donne en outre quelques pistes utiles pour l'établissement de la durée de vie. Les préalables à la mise en place de l'HACCP sont également rappelés, avant d'exposer la méthode HACCP proprement dite, transposée à la maîtrise des dangers organoleptiques. Cette partie théorique se termine par la présentation de la marche à suivre pour diagnostiquer le niveau de maîtrise de la qualité par l'entreprise (audit organoleptique). Plusieurs de ces chapitres théoriques sont accompagnés de fiches techniques. Une seconde partie propose deux exemples pratiques. Pour les deux produits choisis, l'analyse des dangers a été réalisée de la façon la plus complète possible. Des exemples de points critiques, de mesures de surveillance et d'actions correctives sont également présentés. Enfin, un site internet permet d'accéder à des modèles de fiches vierges et à un formulaire pour l'audit organoleptique téléchargeables.

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