• On Mechanically-Enhanced Reading par Anne-Sophie BORIES Gérald PURNELLE Hugues MARCHAL (eds)

    Scholars today are experimenting with a vast array of reading devices in order to explore texts anew, often blending, both on the technical and on the hermeneutical axes, traditional approaches and innovative computing tools, that collect textual features and detect trends not visible to a human eye as they exceed the span of our focus. Our understanding of poetry is not left untouched by the revolution that computational analysis is bringing to the humanities. Because of its intrinsic link to verse, poetry has been a very early object of statistical studies. Any careful examination of metres, rhymes, or caesuras is bound to generate large datasets, calling for the borrowing of methods from the exact sciences. Indeed, attempts at a mathematical evaluation of poetic styles largely predate the use of computers, and the methodological turn towards the use of new technologies has been generally well-received within the academic community. Still, is the mechanically enhanced, “nonhuman” reading of poems fruitful, or even legitimate? Must the literary scholar, whose object is a fundamentally “human” material, meet the burden of proof and possibly cast away intuitions? Conversely, can calculations account for the subtlety of our poetic experience? Is poeticity, in other words, to be found in the measurable sum of artfully assembled processes, or does it escape all normalisation efforts? Stemming from the group Plotting Poetry, a community of scholars of different language areas, working on different time periods and poetical genres, who have come together to share their findings and methods, this volume presents a rich sample of research endeavours in the field. It illustrates how a mechanically-enhanced reading can be put to the test, serve to pursue traditional hermeneutical questions, challenge certain assumptions about forms, reveal unsuspected thematic patterns, feed the approach of the literary historian, or open up new, unthought-of paths for our questionings. It is aimed both at specialists of either poetry or digital humanities, and at a broader readership curious to learn about computational approaches to poetry studies.

    Anne-Sophie BORIES is a group leader in French literature at the University of Basel and founder of the group Plotting Poetry.

    Gérald PURNELLE is professor at the University of Liège, where he teaches French-language poetry, applied statistics, metrics and the history of poetic forms.

    Hugues MARCHAL is professor of modern French and general literature at the University of Basel and honorary member of the Institut universitaire de France.

  • Un nouveau fantastique ? par Bacary SARR

    On a coutume, lorsqu’il est question de littérature fantastique en Belgique francophone, d’avoir aussitôt à l’esprit les noms de Jean Ray, de Thomas Owen, de Franz Hellens, de Marcel Thiry, de Gaston Compère ou de Michel de Ghelderode. Tous ces écrivains ont, en effet, exploré le domaine, au point de faire considérer le fantastique comme un des traits spécifiques de la littérature belge. Des peintres comme Paul Delvaux et René Magritte, pour ne citer que les plus connus, ont, eux aussi, mais selon d’autres voies, donné à voir une forme de fantastique : leur « réalisme magique » éclaire ainsi le réel de façon éminemment poétique et transfigure le quotidien. Dans les années de crise d’identité des lettres belges d’après-guerre, un certain nombre de fictions romanesques semblent encore avoir développé d’autres modalités du fantastique, entendu, cette fois, comme la modification insoupçonnée de la réalité banale. Dans ces écrits, les protagonistes ne sont pas traversés par un souffle magique, mais leur subjectivité est très particulière, puisque le monde ne prend sens qu’à travers une perception singulière qui défait inlassablement les illusions du réel. Un profond sentiment d’exil intérieur s’écrit alors dans l’expérience de l’étrangeté au monde et à soi. Au coeur de la conscience des personnages se lit la difficulté d’un enracinement, lié sans doute au malaise culturel de ce moment de bascule où les auteurs belges veulent s’assumer comme périphériques par rapport aux instances parisiennes. Périphériques, mais dotés d’une spécificité brandie comme un étendard : la belgitude. Dans les marges et, dans le même temps, dans un espace littéraire qu’ils voudraient autonome. Le présent essai interroge comment Pierre Mertens, Dominique Rolin, Guy Vaes, Jean Muno et Jacqueline Harpman ont, dans des textes plus énigmatiques qu’on ne le pensait, des textes marqués par la blessure identitaire, inventé des mondes d’une inquiétante étrangeté qui semblent se situer à la lisière du fantastique.

    Bacary SARR est enseignant-chercheur en littérature comparée/francophonie. Il est le directeur des études de l’Institut supérieur des Arts et des Cultures de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est spécialiste des littératures francophones et auteur de nombreux articles dans ce domaine.

  • La singularité de Pierre Klosswoski Laurence SYLVAIN

    En se penchant sur l'œuvre de Pierre Klossowski, ce livre articule une réflexion autour du phénomène littéraire et de la figuration. L'œuvre de Pierre Klossowski exemplifie de façon à la fois concrète et abstraite une économie du littéraire comme rencontre. Rencontre entre l’esprit et la matérialité, entre les traces matérielles et la pensée.

    S’intéressant non pas à ce que les productions de Klossowski représentent ou figurent, mais plutôt à la façon dont celles-ci représentent, produisent, déploient et mettent en scène des figures, cette étude examine la façon dont le littéraire échappe aux catégorisations disciplinaires et langagières, de par un caractère fortuit propre aux rencontres qu’il génère. Rencontres aléatoires entre l’esprit et le monde, entre l’esprit et la matière, tels les atomes d’Épicure et la pluie d’Althusser dont les particules se heurtent accidentellement, hasardeusement.

    Ce hasard des rencontres est alors considéré comme le premier mouvement de la pensée, comme ce qui enclenche la représentation et la figuration, développant une chaîne non-nécessaire qui alimente pourtant sans cesse l’acte de l’esprit lisant le monde et cherchant à s’y inscrire. Si l’œuvre de Klossowski est exemplaire de cette économie littéraire, c’est aussi parce qu’elle met en scène ce rejet radical de toutes catégorisations, non seulement dans ses abstractions, mais dans sa matérialité même, traversant les genres et les médias, de l’écriture au dessin, en passant par le cinéma et la traduction.

    Laurence SYLVAIN est titulaire d’un doctorat en Théorie et épistémologie de la littérature de l’université de Montréal. Elle est l’auteur de Pierre Klossowski. Expériences sensibles et suprasensibles à travers Le Bain de Diane (L’Harmattan). Elle s’intéresse principalement à la pensée française contemporaine de façon transdisciplinaire.

  • De Gengis Khan à Œdipe sur la route Coralie CABU

    Au fil des années, la figure du sage a pris une importance essentielle au sein de l’imaginaire entourant l’écrivain belge Henry Bauchau (1913-2012), à tel point que cette construction posturale, mobilisée par l’auteur et reconduite tant par ses critiques que par la presse, a fini par faire l’objet d’une projection sur l’ensemble de son parcours et de son œuvre.

    Interrogeant d’abord les nombreuses tentatives d’engagement (politique, social ou encore militaire) de Bauchau, ce livre propose un retour critique sur la trajectoire de l’écrivain, mettant en évidence une série d’obsessions qui dénotent avec l’image du sage et donnent à voir des contradictions que celle-ci ne laissait pas soupçonner. Ainsi, dépassant la posture de sage et l’effet de lissage des aspérités que celle-ci a eu sur la lecture de son parcours et de son œuvre, l’examen d’une partie ciblée des publications en prose de l’auteur d’Œdipe sur la route à la lumière de ce constat vise à leur restituer leur complexité originelle ainsi qu’à interroger les enjeux de l’adoption par ce dernier d’une posture de sage et ce sur quoi celle-ci repose. Guidé par la volonté de s’éloigner de l’approche très univoque de l’œuvre généralement proposée et de tenir compte des tâtonnements et retours en arrière dont relève tout cheminement personnel, le présent ouvrage s’enrichit des théories de l’agentivité et de la sociologie afin de mieux rendre compte de la façon dont s’est (re)construit Henry Bauchau.

    Coralie Cabu est doctorante à l’université de Namur où elle travaille sous la direction de David Vrydaghs. Elle est membre du Namur Institute of Language, Text and Transmediality (NaLTT) et de la revue COnTEXTES.  
  • L'ombre lumineuse d'Apollinaire

    Édité par Daniel Delbreil et Gérald Purnelle

    Ce volume est issu du travail de réflexion des vingt-trois chercheurs apollinariens à l’occasion du centenaire, en 2018, de la publication du recueil Calligrammes d’Apollinaire et de la mort du poète. À cet occasion, l’ouvrage salue et récapitule différentes facettes de la production multiple et novatrice d’un « poète dans tous les domaines », en poésie, en fiction, en théâtre et en critique d’art, et d’un « poète parmi les poètes ». Le recueil Calligrammes, loin de rompre radicalement avec la poésie du passé, porte l’empreinte d’un lyrisme ancré dans la tradition et dans l’œuvre antérieure d’Apollinaire (par l’expression affective, le recours au mythe, la présence de motifs symboliques comme l’ombre), mais aussi renouvelé par l’usage de la matérialité textuelle, l’ouverture aux nouveaux médias… Si Calligrammes renouvelle la poésie, c’est aussi et d’abord dans la dimension visuelle du poème. Le calligramme, d’abord mal compris ou critiqué, a été d’un apport capital pour l’évolution de la poésie moderne. Son impact sur l’émergence de la poésie concrète ou visuelle est ici réabordé. Il a puissamment contribué à la fortune d’Apollinaire dans d’autres domaines linguistiques (Iran, Brésil, Hongrie, Autriche). La dimension thématique de l’œuvre n’est pas oubliée, dans ses territoires lyriques comme dans ses aspects les plus extrêmes, tels que la sexualité et la scatologie. Cet ouvrage collectif confirme et enrichit certaines approches, comble certaines lacunes, lève quelques énigmes, corrige des erreurs, ouvre des champs nouveaux de recherche. Il témoigne surtout, par la diversité des contributeurs, du prestige exceptionnel de l’écrivain Apollinaire.

  • Ensayos críticos sobre la obra de Guadalupe Nettel Nicolas Licata, Yanna Hadatty Mora, Kristine Vanden Berghe (eds.)

    Cuerpos y comportamientos al margen de las normas, relaciones humanas insólitas, animales extrañamente parecidos a nosotros, cosmopolitismo, apertura hacia el otro, son algunas de las marcas diferenciales de la obra de Guadalupe Nettel (Ciudad de México 1973), cuyo centro lo constituyen las excentricidades. ¿Pero puede transgredirse una y otra vez la tradición sin generar una nueva, dentro de la lógica de la “tradición de la ruptura” de Octavio Paz, uno de sus escritores predilectos? Esta pregunta no es sino uno de los hilos conductores de este libro colectivo.

    Nettel es una de las escritoras mexicanas e incluso hispanoamericanas más afamadas del momento. Traducida a dieciocho idiomas, no deja de acumular premios y distinciones (inter)nacionales. Con ocasión del trigésimo aniversario de Juegos de artificio (1993), su ópera prima, ocho investigadores e investigadoras provenientes de ambos lados del Atlántico proponen en diálogo un análisis crítico del conjunto de su obra, e inclusive, de su papel como gestora cultural. Los ensayos aquí reunidos abordan, entre otros temas, la evolución en su práctica del cuento, su particular estilo de combinar lo freak y lo abyecto, la rica dimensión intertextual de su narrativa, el móvil de los afectos en sus personajes, los lazos entre su discurso y el de Paz, su gestión en la dirección de la Revista de la Universidad, su representación de Francia y de los franceses, las traducciones de sus libros. Todo ello se complementa con una bibliografía de lo que ha escrito y se ha escrito sobre ella, así como con una larga entrevista concedida por la propia autora para este volumen. Tradición y transgresión se asume como una aproximación innovadora a una de las personalidades más notables de las letras mexicanas actuales, pero también como una invitación a proseguir los debates que su obra suscita.

    Nicolas LICATA es investigador posdoctoral en la Universidad Nacional Autónoma de México y colaborador científico en la Universidad de Lieja. Es especialista en literatura hispanoamericana, en particular argentina y mexicana, de los siglos XX y XXI.

    Yanna HADATTY MORA trabaja en el Instituto de Investigaciones Filológicas de la Universidad Nacional Autónoma de México. Sus intereses van de las vanguardias literarias a la literatura latinoamericana del siglo XXI.

    Kristine VANDEN BERGHE es catedrática en la Universidad de Lieja donde enseña letras hispanoamericanas. Se interesa especialmente por las relaciones entre literatura, historia y política en la prosa mexicana y colombiana.

  • Roman noir et mémoire Álex Martín Escribá

    Ceci est un livre d'entretiens. Au nombre de onze, ils ont été menés auprès d’écrivains et de spécialistes de renom, des Français pour la plupart, ce qui ne doit rien au hasard. En effet, la France est non seulement un pays avant-gardiste en matière de roman noir en Europe, mais aussi une référence pour ce qui est des études théoriques, essentielles pour comprendre l’accueil fait aujourd’hui à ce type de littérature en Espagne.

    Sous le titre d’Interrogatoires, nous vous proposons des conversations agréables et détendues, mais aussi rigoureuses et exhaustives, qui intéresseront tout autant le public spécialisé que les passionnés du genre. Elles permettent notamment d’analyser les liens historiques qui existent entre roman noir et mémoire, mais aussi d’autres sujets comme les collections littéraires, les terminologies, les mouvements et les auteurs.

    Cet essai, construit à base de questions et de réponses, vise à montrer comment ce genre narratif réaliste et critique — comme le dirait Raymond Chandler — a été et reste un excellent vecteur d’investigation des problèmes de notre société.

    Àlex Martín Escribà (Barcelone, 1974) est professeur de Langue et Littérature catalanes et codirecteur du Congrès « Roman et Cinéma noirs » à l’université de Salamanque (Espagne). Essayiste et critique littéraire, c’est un spécialiste du roman noir. Depuis 2012, il dirige la collection « crims.cat » de la maison d’édition Clandestina.

  • Despentes et la destruction de l’identité Louis-Thomas Leguerrier

    Ce livre aborde l’omniprésence du punk rock dans les romans de Virginie Despentes afin de montrer comment ceux-ci partent de la représentation du punk en tant que phénomène culturel et genre musical pour aboutir au punk en tant qu’expérience du langage, en tant que manifestation dans le langage de cette expérience que j’appelle la « destruction de l’identité ».

    Cette transposition d’une expérience musicale sur le langage et la production littéraire est analysée à partir de la figure du chantier littéraire, tirée du livre éponyme de Monique Wittig. Le chantier, cet espace où les choses existent à l’état de matériel pas encore formé, désigne ici une capacité à approcher le langage comme un matériel flexible, malléable, qui permet de déformer ce qui, dans tout discours, se présente comme déjà formé. C’est à partir de cette figure du chantier littéraire qu’est pensée, dans un premier temps, ce qui constitue le fond de la punk rock théorie, à savoir la conception du punk comme langage de la destruction. Le mot « punk », dans le chantier où travaille Despentes, se voit non seulement dépouillé de sa signification conventionnelle, il nomme aussi le projet consistant à envisager chaque chose à l’aune de la destruction du sens qu’on lui assigne habituellement.

    Le premier chapitre, « Dans le chantier de Virginie Despentes », explore les affinités entre la production esthétique de Despentes et cette figure du chantier littéraire. Les trois chapitres suivants déclinent ensuite les modalités par lesquelles le punk, chez Despentes, se fait langage de la destruction : la fluidité, la dichotomie et la révélation. Si la modalité de la fluidité met en scène la pacification (toujours provisoire et à refaire) des conflits et le brouillage des catégories identitaires au sein de l’espace utopique et sans contours ouvert temporairement par le punk, la modalité de la dichotomie se réalise dans le déploiement d’une langue où résonnent les sonorités de la lutte de classe et de l’affrontement entre des oppositions tranchées. La modalité de la révélation, qui concerne la réception individuelle et collective du punk comme expérience extrême, manifeste quant à elle l’axe vertical et transhistorique qui permet de propulser les modalités de la dichotomie et de la fluidité sur l’axe horizontal de l’histoire. Dans l’éclair d’une révélation qui fait table rase des identités, le punk tel que le conçoit Despentes donne accès ici et maintenant à une expérience préfigurant un nouveau contrat social, au sein duquel le fait de passer outre les catégories identitaires ne serait plus aveuglement devant la violence du monde, mais jubilation de la fluidité retrouvée dans un monde submergé par la puissance du King Kong de Despentes, qui représente le « chaos d’avant les genres […], au-delà de la femelle et au-delà du mâle, à la charnière entre l’homme et l’animal, l’adulte et l’enfant, le bon et le méchant, le primitif et le civilisé, le blanc et le noir (Despentes, King Kong théorie, 120-122) ».

    Louis-Thomas Leguerrier vit et enseigne la littérature à Montréal. Il a publié Entre Athènes et Jérusalem : Ulysse au XXe siècle, aux éditions Hashtag en 2019. Punk rock théorie est son deuxième livre.

  • Du dissensus en poésie moderne et contemporaine Lénaïg Cariou et Stéphane Cunescu (dirs) en hommage à Martine Créac’h

    Ce volume se propose d’interroger la propension de la poésie à se dresser contre elle-même. De l’émergence de la modernité poétique jusqu’à l’extrême contemporain, la dynamique du contre s’insinue dans un grand nombre de discours réflexifs et de pratiques, appelant sans cesse la poésie à reconfigurer ses formes et ses frontières. Les articles ici rassemblés illustrent la variété des stratégies et des dispositifs employés par les poètes pour réitérer, transformer ou dépasser la « haine de la poésie » énoncée par Bataille, et qu’ont repris à leur compte nombre de poètes — qu’elle soit « haine » du lyrisme ou de la « niaiserie poétique », refus institutionnels et génériques, ou affrontements idéologiques. Autant de manières de mettre en évidence la façon dont la poésie résiste et se redéfinit au contact de ces questionnements, qu’ils soient esthétiques, politiques, ou philosophiques.

    Plutôt que d’analyser l’histoire de la poésie des dernières décennies comme une progression, ou une évolution, allant de la poésie, à la « post-poésie » en passant par la re- ou néopoésie, d’un avant fantasmé à un après nécessairement artificiel, cette somme propose la notion de dissensus comme prisme d’analyse des phénomènes d’invention, d’opposition, de co-création et de dispersion en poésie ces dernières décennies. Si cette réflexion s’ancre dans un contexte francophone, il s’agit pourtant d’élargir ici « la-question-dela-poésie » à un corpus comparatiste, qui la décentre et la complète.

    Avec des textes de : Milena Arsich, Pierre Bayard, Vincent Broqua, Lénaïg Cariou, Stéphane Cunescu, Jacques Demarcq, Nassif Farhat, Adel Habbassi, Pauline Hachette, Antoine Hummel, Laure Gauthier, Anne Gourio, Pamela Krause, Lisette Lombé, Solène Méhat, Michèle Métail, Philip Mills, Coral Nieto-Garcia, Stéphane Nowak, Anne-Christine Royère, Lionel Ruffel, Mireille Séguy, Nicolas Servissolle, Pierre Vinclair.

    Lénaïg CARIOU (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – Paris Cité) est chercheuse, traductrice et poète. Elle prépare une thèse sur le travail du poète Emmanuel Hocquard et de la maison d’édition Orange Export Ltd.

    Stéphane CUNESCU (Université de Liège – Paris 8) est chercheur et éditeur. Il prépare une thèse sur les formes poétiques et les pratiques contemporaines dans l’oeuvre de Franck Venaille.

  • Ensayos críticos sobre la obra de Héctor Abad Faciolince par Catalina QUESADA & Kristine VANDEN BERGHE (eds.)

    Heredero confeso de la tradición liberal proveniente de la Ilustración y representante destacado de una corriente literaria que, sin olvidarse de lo local, hace frente a los problemas del mundo global, el escritor colombiano Héctor Abad Faciolince (Medellín, 1958) lleva casi treinta años representando y construyendo en sus textos, entre otros motivos, a la sociedad colombiana contemporánea. Sus lectores saben que hay un hecho atroz en la vida del escritor que pugnará por salir a la luz y que lo hará de la única forma posible: mediante la creación literaria, una vez este haya encontrado la voz idónea. Pero la lectura que hace el autor de Rulfo, y que lo lleva a definir su obra como “un puente por donde se puede ir y venir entre los vivos y los muertos”, nos permite también imaginar la lectura de los textos del antioqueño como un pasadizo que facilita el tránsito entre la literatura y la vida. Un pasadizo que, sobra decirlo, está profundamente arraigado en la figura del padre, lector voraz que mientras vivió transmitió al hijo su pasión lectora y que, directa o indirectamente, estaría en el origen tanto de su vocación como escritor como de su compromiso con su entorno.

    Su producción literaria ha traspasado las fronteras de los países de habla hispana. Comprende desde la narrativa —novela, cuento, relato autobiográfico— a la poesía, pasando por el ensayo y el libro de viajes. Además de ser escritor de ficción y hacedor de opiniones a través del periodismo, Héctor Abad Faciolince se ha empeñado y se desempeña en otros oficios propios del mundo cultural, como el de editor. Por otro lado, su labor como traductor, que se originó en parte en su estancia en Italia, lo ha convertido en un participante destacado de la república mundial de las letras y en un puente entre la tradición literaria europea y la colombiana. Este volumen pretende cubrir desde distintos ángulos la obra de este escritor multifacético cuya relevancia en la escena colombiana y en el panorama internacional está ya fuera de dudas.

    Catalina QUESADA es profesora en la University of Miami. Doctora por la Universidad de Sevilla (con premio extraordinario de doctorado), ha trabajado en universidades de Francia y Suiza y ha sido profesora o investigadora invitada en distintas universidades europeas y americanas.

    Kristine VANDEN BERGHE es catedrática en la Universidad de Lieja donde enseña letras hispanoamericanas. Se interesa especialmente por las relaciones entre literatura, historia y política en la prosa mexicana y colombiana de los siglos XX y XXI.

  • par Jéromine FRANÇOIS & Álvaro CEBALLOS VIRO (eds)

    Un autor crea sus personajes, pero sólo puede ejercer su poder sobre ellos dentro de los límites de su obra. Más allá, en la imaginación de otros escritores, algunos personajes continúan viviendo aventuras. ¿Cómo los reconocemos? ¿Qué equipaje semiótico llevan consigo? ¿Hay unos especialmente proclives a emigrar de una ficción a otra? ¿Dónde radica, en definitiva, su identidad?

    Los estudios reunidos en este volumen plantean estas y otras preguntas a golems y vampiros; a Lázaro de Tormes y a Celestina; al diablo cojuelo, a Gregor Samsa y al comisario Maigret. Unos proceden del patrimonio literario hispánico; otros se aclimatan en él. El conjunto se cierra con una coda sobre la construcción del personaje en el cine biográfico.

    Il existe des personnages littéraires sans frontières, capables de transcender l’espace, le temps et les médias pour devenir des figures classiques, voire mythiques. Cet ouvrage s’intéresse aux pratiques de relocalisation de ces créatures littéraires dans des contextes totalement étrangers à leur trame de départ. S’adressant tant aux spécialistes qu’au grand public intéressé par les jeux de réappropiation culturelle, ce volume examine pour la première fois les formes et fonctions de cette transfictionnalisation de personnages au sein des lettres hispaniques. En suivant les traces de Lazarillo, de Dracula, du commissaire Maigret, de Célestine, du golem, de Gregor Samsa ou encore du diable boiteux, El personaje transficcional en el mundo hispánico questionne la sémiotique du personnage transfictionnel, mais aussi sa réception, ses implications historiographiques et intermédiales ainsi que son éventuel processus de mythification.

    Álvaro CEBALLOS VIRO es profesor titular de literatura española en la Universidad de Lieja. Entre sus publicaciones destacan Ediciones alemanas en español (1850-1900) (Iberoamericana / Vervuert, 2009), la antología crítica de Luis de Tapia titulada Poemas periodísticos (Renacimiento, 2013) y la coordinación del volumen La retaguardia literaria en España (Visor, 2014).

    Jéromine FRANÇOIS es doctora en literatura hispánica por la Universidad de Lieja, con una tesis titulada La Celestina, un mito literario hispánico (1822-2014), y ha publicado artículos en revistas como Celestinesca, Medievalia, Revista de Literatura o Anales de Literatura Hispanoamericana.

  • Poésie contemporaine et forme poétique par David CAPLAN

    Ce livre s’intéresse moins aux mouvements poétiques qu’au mouvement des formes poétiques. Plutôt que de s’acharner à promouvoir ou à rejeter certaines écoles, il étudie les formes que les poètes adoptent ou négligent. Ces choix sont révélateurs de leurs ambitions et de leurs limites, des possibilités neuves qu’ils découvrent et des traditions qu’ils trouvent impossibles à assumer. Cette étude se concentre sur cinq formes, cinq points sur une carte pour dessiner les contours particuliers de la poésie métrique et de la culture poétique contemporaines : la sextine, le ghazal, le sonnet amoureux, le distique héroïque et la ballade. En soulignant ce que des pratiques soi-disant antagonistes — prosodie et « théorie », poèmes « traditionnels » et « expérimentaux » — ont à se dire, Questions de possibilité éloigne le débat des oppositions binaires qui obèrent trop souvent les débats sur la poésie américaine contemporaine. Les poèmes envisagés ici s’ouvrent à des influences imprévues. Pour cette raison, cette étude accorde une attention renouvelée à ce que les auteurs disent et à ce que leurs formes poétiques révèlent, soucieux de ne pas perdre de vue que les formes qu’ils utilisent contreviennent parfois à leurs assertions partisanes, leurs usages politiques et esthétiques variant en fonction des contextes et des exigences. La prosodie après « les guerres de poésie » réclame un modèle moins agonique, plus nuancé de la création littéraire, un modèle capable de montrer comment les écrivains utilisent même les idées auxquelles ils s’opposent. Les bons poètes sont opportunistes. Ils boivent à diverses sources. Leur goût du déplacement frustre ceux qui cherchent à dessiner des généalogies simplistes. Questions de possibilité propose un vocabulaire critique flexible susceptible d’éclairer la poésie la plus intéressante de notre époque au lieu de l’ignorer. Il s’agit avant tout de parler des « contemporains » qui se « partagent la langue » et non des partisans qui déclarent des « guerres ».

    David CAPLAN est l’auteur de quatre ouvrages de critique littéraire consacrés principalement à la poésie contemporaine. Il est titulaire de la Charles M. Weis Chair in English à l’Université Wesleyenne de l’Ohio. Parmi d’autres distinctions, il a reçu le prix Emily Clark Balch pour son oeuvre poétique.
  • Perspectives historiques et sociales par William ALDER

    Le commissaire Maigret de Georges Simenon est souvent associé dans l’imagination populaire avec la ville de Paris. Cependant, des 75 romans et 28 contes et nouvelles de la série Maigret presque le tiers des enquêtes se déroulent en-dehors de la capitale et la Normandie occupe une position privilégiée parmi ces toiles de fond non-parisiennes. Bien qu’il n’ait jamais vécu en Normandie, la région a joué un rôle important dans le développement personnel et littéraire de Simenon et le commissaire Maigret fait ses débuts professionnels dans un des récits normands de l’auteur. Dans ce livre, Bill Alder considère les écrits normands de Simenon par rapport à leur réalité contemporaine pour faire sortir leur sens au niveau du contexte historique et social dans lequel, par lequel et pour lequel ils ont été produits. Les récits normands, Maigret et non-Maigret tous confondus, sont présentés, discutés et mis en relation avec le reste de l’oeuvre simenonienne afin d’arriver à des conclusions d’ordre général sur leur importance dans la littérature du vingtième siècle.

    William ALDER est né à Huddersfield, Angleterre, en 1958. Professeur associé à l’Open University (Royaume-Uni), Bill Alder a publié Maigret, Simenon and France (2013) qui a été nommé pour un Prix Edgar des Mystery Writers of America, ainsi que de nombreux articles en français sur Simenon et son commissaire Maigret.

  • Art, écriture et modernité au féminin par Mary Ann CAWS & Anne REYNES-DELOBEL

    Cet ouvrage présente neuf artistes et écrivaines modernistes, connues ou moins connues, dans leur attitude de modernité : Judith Gautier, Dorothy Bussy, Suzanne Valadon, Emily Carr, Paula Modersohn-Becker, Dora Carrington, Isadora Duncan, Claude Cahun et Kay Boyle. Ces créatrices sont ici envisagées dans leur mode d'être historique, ce qui revient de fait à les détacher d’une pensée dualiste de l’altérité pour les resituer dans leur rapport de collaboration avec la réalité et l’actualité de leur temps. Or l’un des « lieux » où leur travail de création déploie sa dimension interactive et mobile est, quelque peu paradoxalement peut-être, la relation à l’écriture de soi, à divers degrés de l’intime. Pour toutes, en effet, ce mode d’écriture s’avère un médium décisif dans l’acte d’élaboration de soi-même et du présent à partir des virtualités et des potentialités du présent. Un large choix d’extraits de lettres, journaux ou autres écrits autobiographiques, pour la plupart inédits ou proposés dans de nouvelles traductions, permet d’approcher au plus près ce processus qui participe d’une recherche sans concession et requiert une faculté à se mouvoir de manière labile entre regard de l’autre et perception de soi. Plus proche de l’expérimentation que de l’expérience, l’écriture s’appréhende en premier lieu comme la recherche d’une vérité dont le texte ou le tableau (ou la photographie, ou la danse) ne sont que des incarnations toujours en devenir. Dans la perspective choisie par cet ouvrage, elle est aussi le moteur privilégié d’une exploration à la fois transnationale et plurielle d’un imaginaire du modernisme et de la modernité au féminin.

  • L’Ouest fictionnel chez Gustave Aimard et Emilio Salgari par Luca DI GREGORIO Présentation du volume

    Cet ouvrage pose deux questions relatives aux « matières de l’Ouest » : (1) S’est-il façonné en Europe une imagination propre des Grands Espaces et, si oui, quelles en furent les principales options éthiques, esthétiques et narratives ? (2) Qu’est-ce qui singularise les thèmes, les intrigues et les personnages privilégiés de cette écriture européenne par rapport à l’imagerie — surexploitée depuis Hollywood — impliquant le cow-boy, le shérif, ou encore les squatters et settlers de la Conquête de l’Ouest ? Le couple wilderness/western — mobilisé ici à des fins dialectiques et non dualistes — débroussaille quelques-unes des pistes herméneutiques d’une production romanesque méconnue. En s’appuyant sur un sous-genre pour ainsi dire oublié du récit aventureux du xixe siècle, l’auteur explore les visages d’un Ouest fictionnel qui, grâce au recul européen, a su se parer d’intéressants lieux d’indépendance et de dynamiques insoupçonnées. Dans l’intervalle entre le wilderness, univers agrégeant l’hygiénisme libertin des Lumières et le spiritualisme romantique, et le western, imaginaire de l’allant national, modelé par et pour l’autonomisation culturelle des USA, mais aussi sous l’effet d’un tiraillement souterrain entre l’exemple colonial français et la Conquête pionnière de l’Ouest, ce sont des oppositions, des débats et des mélanges du plus haut intérêt qui se firent jour dans la France et l’Italie de 1858-1910. Les romans de Gustave Aimard et Emilio Salgari interviennent dans ce contexte, quoiqu’à des titres très différents (l’un grand consolidateur générique, l’autre compositeur original et articulateur d’imaginaires), comme les jalons d’une histoire des formes appropriatives de l’espace-réceptacle ouestien. À bien des égards, un tel parcours ajoute ses sinuosités et ses enjeux spécifiques à l’historiographie strictement américaine : il y apparaît en effet que l’Europe, relativement à l’Ouest, parvint à se faire successivement laboratoire et carrefour imaginaires.

    Notice de l'auteur

    Luca DI GREGORIO, a étudié les langues et littératures françaises et romanes à Namur et à Bruxelles. Après quelques années d’enseignement du français dans le secondaire, il poursuit un doctorat à l’Université de Liège portant sur l’écriture aventureuse de l’Ouest américain en Europe (1850-1914). Son mémoire de Master, couronné par le prix de la BILA de Chaudfontaine en 2011, est à l’origine du présent ouvrage.

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